30 mai 2010

L'Etreinte du Léopard

Le léopard mâle pèse de 40 à 90 kilos à l'age adulte, il vit caché. C'est silencieusement qu'il approche ses victimes, n'attaquant que lorsqu'il peut les atteindre d'un bond. Il plante alors ses crocs dans leur gorge, tuant ainsi instantanément. Afin de préserver ses proies des charognards, il prend soin de les protéger à l'abris de touffus taillis, ou les emmène dans les arbres. Certains disent qu'il est capable de monter un girafon dans un acacias... Allez savoir si c'est vrai... Ici on parle de légendes urbaines, dans la savane où vit le léopard, on a sans doute un tout autre rapport aux prédateurs qui nous entourent.

29 mai 2010

Le Vis à Vis

La patine d'une façade, un volet qui claque, peu d'envergure, juste ça pour aujourd'hui.

26 mai 2010

Le Vide-Grenier

Appelez-moi brocante, vide-grenier ou bon débarras, mais ces rassemblements sont sans doute aujourd'hui les manifestations les plus ferventes de la cité. Allons donc, voyez tous ces fidèles crédules espérant que de leurs trop pleins nous saurons nous amouracher. Appréciez leurs vieux jouets dont les couleurs ont passé, leurs vieilleries rassemblées à la va vite et transportées non sans peine sur ce lieu de culte populaire. Pèlerinage ultime, expiation consumériste, chapelles d'incongruités, nous voilà fidèles jusqu'à la lie, prêt à défaillir devant cet étalage improbable. Chaque marchand est un évangéliste fraîchement convaincu qui prétend nous convertir, prêt à vanter sans rougir la délicatesse de ces bibelots auxquels il ne croit plus. Partageons nos misères avant qu'un plus malin ne vendent nos propres biens à ces enchères du désespoir.

23 mai 2010

La Fin de Lavie

A Lausanne, un fleuriste expose sur le trottoir les couronnes mortuaires du jour, c'est assez peu commun de voir ainsi au coeur de la ville, loin de tout cimetière, une série de rappel de notre fin prochaine. L'ironie du sort a voulu que ce jour là, on rendit un sincère hommage à Lavie, Pierre de son prénom. Pivoine, hortensia, pas de rose, un ruban bleu sans mention du donateur.
A partir de ce nom, petite recherche sur internet pour essayer de donner un peu de relief à ce personnage. On trouve un Pierre Lavie dans l'annuaire domicilié rue du Simplon, peut-être aimait-il les trains... On trouve un Pierre Lavie dans le registre du commerce, ancien directeur d'une agence d'investissement. On trouve un Pierre Lavie, vétérinaire, spécialiste de la vache folle, mais c'est loin d'ici, en France. On trouve un arbre généalogique qui signale l'arrivée de Jacques de Lavie à Vevey en 1700, un protestant languedocien venu se réfugier en Suisse. On trouve une contribution universitaire de Pierre Lavie à propos de la caryosystématique des vitacées, un spécialiste des chromosomes et de la vigne... On trouve enfin, l'origine de ce nom. Lavie viendrait du latin "de la via", référence au chemin et non à l'étendue de notre existence.

20 mai 2010

Les indices de Saison

Puisqu'on ne peut plus se fier aux rayons des primeurs pour repérer les époques de l'année, puisque tout le monde nous dit que le climat est fou et que l'hiver vient en été, puisqu'on ne sait pas de quoi demain sera fait, un indice aussi dérisoire qu'une coccinelle laisse espérer que les beaux jours sont de retour.

16 mai 2010

Les Scorpions

Klaus Meine promène ses 62 ans sur la scène. Le scorpion n'effraye personne par ce froid et à cette altitude. On sait bien que ces animaux là sont venimeux sous les tropiques, rarement sur les coteaux du jura. Fin d'une immersion bien agréable, malgré la boue, la bise noire et certains groupe de heavy metal.

11 mai 2010

La Belle Laitière

La douce lumière du jour au coeur d'une étable. Succomber encore une fois à l'exotisme d'un regard qu'on ne croise pas au quotidien, surtout quand on évite les transports en commun.

Pour information, la bête bénéficie d'une chambre avec fenêtre, car elle devrait bientôt être portante, il faut donc la tarir. C'est tout pour aujourd'hui.

10 mai 2010

Le tracteur vert

Juste pour sortir un peu de la routine, l'exotisme du canton de vaud...
Emboué jusqu'aux genoux en attendant Scorpion.

3 mai 2010

La Descente

Un bref hommage à l'homme au chapeau qui porte des moufles par cette chaude journée de printemps. Il faut emprunter les itinéraires inédits, éviter les routines comportementales. Banlieue industrieuse, voie tendue, brillante au soleil, attente d'un rer.

26 avr. 2010

La Consigne

Il doit y avoir des personnes préposées à l'ouverture des consignes automatiques abandonnées. Ils trouvent les objets oubliés, tentent de déterminer leurs propriétaires. Et tout à coup, ces petits riens remontent à la surface.

23 avr. 2010

La Rançon de la Gloire

Lou Reed a des fans acharnés qui l'attendent des heures, privilégiant une griffe sur un album à un moment passé en sa compagnie. Le grigou est tant aimé qu'il en finit par traiter la réalité avec négligence. Il prend ses contemporains en otage de son succès. Dès lors, tous se plient à ses exigences, tous subissent ses petites humiliations.
Ils sont là pour le voir, ce rapace au cuir noir qui impose son tempo et choisit ses victimes un diet coca en main. Ils sont là pour se plaindre de ses caprices tout en lui vouant un culte sincère, espérant vaniteux, aller au delà de la carapace.
Il a pris le temps d'être là et tenu ses promesses. Qu'importe les aléas, chacun en gardera un souvenir enjolivé, comme le fan, hébété, une signature sur son fétiche 33 tours.

3 avr. 2010

Le Biolay

Il s'installe dans une salle improbable avec son décors de kermesse. La poignée de musiciens qui l'accompagne, observe sa nervosité de lion en cage. Il ne se fixe guère, il ne nous dévisage pas longtemps, il ne s'attarde pas. Il aligne les morceaux comme si on l'avait forcé à venir là, par un jour de pluie; comme si on l'avait forcé à venir tout court.
S'il sait faire de la musique, il a encore du mal à l'incarner. Le costume est-il trop grand ? Quand enfin il lâche un peu les chiens, quand il arrête de jouer les enfants sages, quand il s'essaye à oublier l'absolu désagrément de cette rencontre avec un public dont il ne désire rien savoir, alors entrevoit-il un possible plaisir, celui de désagréger sa propre musique avec une certaine rage. Alors, atteint-il un semblant de satisfaction, pour lui-même, et à son grand désarroi, cette ultime élan d'oubli de soi parvient enfin à créer un soupçon d'émotion dans ce lieu de rien, entre lui et nous.

30 mars 2010

L'Horreur

Il y en aura donc toujours un qui cèdera à l'envie de raconter des choses terrifiantes. Le grand guignol quotidien ne manque pourtant pas de piment. Nuit d'hôtel helvétique au Prussien, chaîne locale sans doute, zombies à gogo.

25 mars 2010

Le Minaret

La taille du slogan importe peu... L'idée se répand...
Enfin non... Pas vraiment...
Ce doit être là un vestige d'antan...
Le vote est digéré, plus personne ne pense aux Minarets...
Le printemps revient...
Vive le printemps...
A l'ombre des minarets qu'on aime tant...


21 mars 2010

Le sourire

Garde le sourire petit poisson. J'ignore combien de dents compte ta mâchoire, j'ignore combien de temps j'éviterai tes morsures. Il y a toujours un peu de cette horreur entre nous. Je sais que tes joues seront délicieuses à déguster. Je sais que je te défigurerai pour te manger. Alors garde le sourire petit poisson, que nous ayons tout deux, l'impression d'apprécier ce moment.

18 mars 2010

Le désordre


Au fur et à mesure, on apprend qu'il n'existe pas d'autorité supérieure capable d'expliquer les choses de la vie. On doit se confronter, se perdre, se mettre en péril. Apparemment autrefois, il existait des sagesses supérieures, la religion, l'armée, la famille, dieu sait quoi d'autre...

Peut être faut-il se méfier du réel, croire aux rêves... On ne grave plus rien, on n'illustre plus rien. Plus rien ne mérite d'être dessiné. Le réel est aujourd'hui en mouvement. C'est sans doute ce qui le conduit à changer si souvent.

Plus nous représentons le monde en mouvement, plus nous l'amenons à accélérer ses mues.

7 mars 2010

Le Bout du Bec

Carmin, vermillon, cochenille, les pigments rouges au bout du bec, il va sur le plan d'eau fuyant l'hiver, l'étrange canard rouquin.

27 févr. 2010

Tailleur pour dame

French manucure avec de petits os incrustés dans le verni. Ne t'étonnes pas si ton meilleur ami te grignote les doigts sur ton lit de mort.

18 févr. 2010

Le partage de la saleté

Retour à la réalité, cinq francs les sept kilos de linge sale. Quarante minute de mouillage, rinçage, essorage. Veuillez vider votre machine dès la fin du cycle de lavage. Transport de linge humide rue de Berne, sous le nez des amateurs de petites culottes. Retour à la maison pour l'exercice de l'étendage. Trouver, emmêlé dans la fibre d'un pull, un noeud de cheveux blonds, longs et rugueux. Pour cinq francs, mélangez vos fluides, vos textiles, mélangez vos vies, partagez vos misères.

9 févr. 2010

Le Brouillard des Malveillants

Le stratus ne se franchit pas toujours, même au coeur de l'hiver. Qui est malveillant ? Celui qui pousse la bête hors du lieu public pour qu'elle y meurt en assumant sa faiblesse ? Celui qui est la bête et qui ne renonce pas à ses terribles penchants ? D'une société esclavagiste nous sommes passés à une société esclavagiste, mais aujourd'hui les esclaves assument eux même leur statut. Ils sont libre penseurs de leur dépendance. Ils sont échoués sur les trottoirs, derrière les vitrines. Ils sont sujet au cancer du poumon, à la gastro ou à la grippe saisonnière. Nous ferons tout pour les tuer, tout pour les désigner comme inconvenants. Ainsi les voilà en vitrine de notre confort tempéré, derrière leur nuage, tentant d'empoisonner l'air extérieur dans l'espoir que leur poison nous atteigne enfin, jusqu'à mourir ensemble.