25 avr. 2015

A l'ancienne

Il rêve de napperons brodés et se trouve ridicule. Il a peut-être la nostalgie, ou la mélancolie. Tiens, notons quand même qu'il ne se trouve pas si différent d'avant. Il ne change pas selon lui, et pourtant. Chaque jour le détruit un petit peu, mais il préfère l'ignorer. Il aimerait vouer sa vie. On ne dit pas vouer sa vie, sans préciser à quoi on la voue... A reproduire les mêmes artifices de vie, il serait temps de changer la tapisserie.

8 mars 2015

Marguerite

Comme un voyage dans le temps où la musique d'India Song s'insinue, doux poison d'oreille. Chanson, toi qui ne veut rien dire... Mélancolie de ce qui est perdu.

29 oct. 2014

28 sept. 2014

Le Ciel dans un Verre d'Eau

Se mettre la tête à l'envers et voir de nouveaux possibles comme une illusion d'optique.

20 juin 2014

La Vie devant Soi

Pour poursuivre sans regret, ni remord, il est parfois des solutions radicales qui interdisent de jeter un regard sur le passé. Reste que s'il porte des oeillères qui obstruent ses perceptions, le chien demeure attaché au même piquet. Quoiqu'il arrive, même en allant de l'avant, il effectuera toujours la même ronde, tour de ronde dérisoire, manège éternel.

4 juin 2014

En Voie de Restauration

Un peintre attend sagement, assis, au pied du tombeau. Pour sûr, la précédente couche ne sera pas sèche avant la fermeture du cimetière. Mais il reste là. Il attend. Il attend peut être que quelqu'un vienne le chercher. Qui sait ? A moins qu'il ne craigne d'être mal vu en quittant son job trop tôt ! D'ailleurs qui sait si le Christ ne voit rien à travers deux épaisseurs de plastique opaque ? Qui sait ?

28 mai 2014

Les Tournesols de Recoleta

Fleurs de tissus aux contours réguliers, une couche de poussière opaque sur la vitre qui nous sépare, un chat frôle les jambes de visiteurs silencieux, plus loin Evita reçoit les hommages de touristes turbulents. Suivez le guide.

24 mai 2014

Un long Silence

Celui qui jamais ne se rend au cimetière pour honorer la mémoire de ses proches disparus ne sait pas qu'en ce lieu aussi, le temps fait son oeuvre. Le bois des cercueils se couvre de poussière blanchâtre et sur un crucifix, une curieuse toile efface le visage du Christ, rendu à l'anonymat de ce masque d'indifférence.

1 févr. 2014

La Crème de Jour

Avec application, chaque matin elle pose sur son visage une crème hydratante. Le temps passe, les rides se creusent, mais le rituel demeure.

18 janv. 2014

Beautés endormies

Arroser des fleurs séchées ne leur donne pas droit à une seconde vie. Ce qui est sec, est sec.

4 janv. 2014

Le Visage inconnu

Le soleil a mis ce matin en évidence la présence d'un esprit que l'on souhaite bienveillant.

22 déc. 2013

La Pomme de Discorde

Pour que pousse la discorde, il semble qu'il faille d'abord la semer. D'autre préfère cultiver la zizanie... Mais conseil aux jardiniers amateurs, laissez le fruit sur l'arbre. Au fil de l'hiver, se rabougrissant et se flétrissant, il perdra son attrait premier.

19 nov. 2013

Le Retour de Flamme

Avant de plonger la cité dans la pénombre, le soleil, de ses derniers rayons, enflamme un bref instant les nuages amoncelés sur nos vies.

27 oct. 2013

La Sidération

La sidération est ce moment où l'on se sent happé par un trou noir, phénomène qui empêche toute distance réflexive. Et pourtant mille images tapissent les parois de ce gouffre intérieur. Au fil de ce voyage mélancolique, des moments oubliés surgissent. L'autre n'a plus que cette présence fantomatique et photographique, tandis que nous, nous nous découvrons deux corps, celui du passé et celui du présent qui devra poursuivre seul, sa lente détérioration.

14 oct. 2013

Les contemporains

L'envergure de nos vies est incertaine et la tienne n'avait, semble-t-il, pas la même amplitude. Pars puisque c'est ainsi. Ce chemin que tu prends prématurément met une douloureuse barrière entre nous. Les contemporains s'attendent à pousser ensemble la chansonnette jusqu'à la nuit des temps, et les premiers à quitter le choeur bouleversent le gracile mobile de nos constructions passées et à venir.

30 sept. 2013

Le Mélange des Corps

L'union de deux cours d'eau crée au point d'impact un étrange cocktail, mais il ne faut pas descendre bien loin en aval pour ne plus discerner à l'oeil nu les molécules venant de l'un ou l'autre des ascendants. Ainsi l'eau prend elle une nouvelle fois l'ascendant sur nos éphémères tentatives d'unir nos vies. Quand deux corps, deux esprits se mélangent, leur intention de convergence ne résiste pas toujours au temps, ni à la distance. Soudain, pour une raison que l'eau ignore à ce jour, les molécules se rappellent leur origine première et reprennent leur forme originelle. Comme si pareil mélange des corps ne suffisait pas à produire un être unique et fort, comme si nos vanités étaient prévalantes sur le cours de nos vies. Comment l'eau fait-elle pour oublier d'où elle vient et pour s'unir à l'autre dans un courant auquel rien ne saurait faire obstacle ?

21 sept. 2013

Les Funambules

Le cirque a plié sa toile, mais partout en ville, d'autres barnums se montent au quotidien. Des artistes sans public assemblent d'impressionnants mécanos éphémères, enveloppes d'une piste où d'autres s'acharnent à la masse, détruisant la structure intérieure du bâtiment. Ainsi tandis que s'achève le périlleux montage, les dévaloirs emportent dans un nuage de poussière et un fracas effrayant l'ancien cadre de vie des locataires passés. D'ici quelques mois, les mêmes funambules viendront ôter ce cocon de plastique et de métal pour que de nouveaux habitants jouissent de cette mise à jour. Seront sans doute à jamais oubliés, les bidons de mazout montés au cinquième étage dans un ascenseur aux portes de bois, la cuisine gigantesque, seule pièce vraiment chauffée, où se rassemblaient autour de plats bons marchés, artistes de cirque, étudiants paresseux et musiciens germanophones.

7 sept. 2013

La Décomposition

Le magicien ne devrait pas dévoiler ses secrets, il fait un temps déraisonnable quand se dévisagent les héros en pareille décomposition.

23 août 2013

Le Désordre Morbide

Le désordre pour la plupart, c'est une malédiction de linge sale, de papiers non triés, d'objets jamais rangés. Ici, le désordre semble prendre une autre tournure, accumulation maladroite d'objets en devenir, ou inventaire à la Prévert d'une insolite poésie. Certes, rien ne garantit qu'il sortira de cet amoncellement une quelconque étincelle, et les personnes ayant une raison maniaque trouveront là matière à médire. Mais finalement qu'importe l'utilisation future de ces empreintes de visage en plâtre, elles sont là depuis des semaines avec leurs regards opaques, vis à vis inquiétant que les variations de lumières révèlent sans cesse sous un jour nouveau. Ici, le désordre est parfois morbide.

19 août 2013

Le Club Med des Nonnes

Te souviens tu du temps où même dans les sous préfectures des nonnes en habit circulaient à petit pas ?Elles sont aujourd'hui si rares... Leurs couvents, leurs hospices, sont à jamais désertés ou se sont transformés en hôtel trois étoiles... Si tel est le cas, l'argent de nos loisirs assure la survie des dernières représentantes de ces congrégations. Comme le touriste en safari, l'hôte pointe de loin son objectif vers cette représentante rare d'une espèce en voie de disparition.

14 août 2013

L'Offense du Temps

Prononcer l'éloge d'une actrice de son vivant a ceci de difficile qu'il faudra à un moment donné évoquer sa beauté passé. Même si la dame est aujourd'hui encore craquante et croquante, il n'en demeure pas moins ce fil du rasoir sur lequel l'orateur équilibriste devra suggérer sans trop insister que la carrière de la dame a commencé bien avant la chute du mur de Berlin, et même avant l'assassinat de John Kennedy. Mais le plus cruel, ou le plus beau, ce sont ces images du passé qui plus qu'aucun discours rappellent l'origine de notre admiration.

1 août 2013

Miroir, mon beau Miroir

Au détour d'un reflet sur l'étale d'un brocanteur, une petite voix murmure la phrase rituel du conte de Blanche Neige.

30 juil. 2013

Prendre de l'Altitude

Si les ressources de l'imaginaire ne sont plus disposées à s'offrir sans fracas, essayez la version premier degré.

14 juil. 2013

L'ange flou

Est-ce trop de demander qu'une image soit nette quand elle s'affiche ainsi sur un blog imparfait ? Aux mécontents, signaler qu'une image nette de ce saint existe certainement quelque part, mais cette non définition est peut être la clé de l'émotion éprouvée, vulnérable beauté des sentiments fragiles. Pourquoi l'artiste a-t-il ainsi placé dans la pénombre un visage délicat ? Quand la lumière rayonne-t-elle pour donner de l'éclat à cette composition ? Il faudrait attendre, rester là des heures durant, et apprécier enfin que surgisse la finesse des traits. Mais comme toujours le chalands s'éclipse avant d'avoir résolu ce mystère.

7 juil. 2013

Le Plaisir des Escargots

On connait l'affection que porte le bombyx aux muriers, mais il n'était jusqu'ici pas établi avec certitude le goût prononcé que portent les escargots aux feuilles de groseillier. Dérangé par l'arrivée du cueilleur chasseur qui sommeille en chacun de nous, le caracole jette un oeil prudent au dehors de sa carapace.

5 juil. 2013

Les Anéantis

Il y a ceux qui à jamais seront anéantis. Nous foulons leurs tombeaux, cultivant une étrange fascination pour les signes qu'ils nous ont légués. 

Nous qui savons être ainsi anéantis par la beauté de traces gravées dans la pierre, comment nous forgeons nous une âme dans un présent empli de tant de déceptions.

1 juil. 2013

Hommage à Matisse

Dans le reflet d'une fenêtre entrebâillée, un palmier élancé rappelle un tableau de Matisse sans doute à Tanger.

29 juin 2013

La Saturation

Il y a ceux qui choisissent le vide et ceux qui choisissent le plein. Le Rhône, cette année, a choisi le trop plein, une manière inédite de nous rappeler ses humeurs passagères. En apparence, le voilà haut et fier, mais ce doux artifice nous révèle en fait, toute l'étendue de son chagrin.

25 juin 2013

Marcher de Conserve

Dans la nuit, sous le tunnel qui franchit les rails, ils marchent de conserve, là où il n'y a ni trottoir, ni refuge. Les voitures les frôlent mais accrochés à leur frêle véhicule, ils vont d'un pas pressé. Ils échangent un regard, une parole, mais ne s'entendent guère, l'architecture et le bitume absorbent leurs propos. Alors ils pressent le pas, comme des animaux traqués.

22 juin 2013

Les Evidences

Quand il vous arrive de traverser une période sans acuité particulière, certains gros événements parviennent quand même à réveiller votre vigilance émoussée, de très gros événements, dirons-nous...

Quand on ne voit plus que ce que tout le monde peut voir, à quoi sert d'avoir un point de vue.