30 juil. 2012

Le Profil du Batracien

Illusoirement conditionnés par les contes de fées, nous voilà tentés de saisir ce crapaud qui surgit au milieu du salon pour lui coller la bise qui le transformera en beau prince riche et séduisant. Dans la réalité, l'idée saugrenue d'embrasser pareil animal fait froid dans le dos. Notons que ce hiatus entre l'écrit et la réalité nous éclaire sur la fragilité psychologique des héroïnes de conte de fée. Cependant, si l'on se réfère aux frères Grimm, il n'est pas question ici d'un baiser. Dans "le prince grenouille", ou "le prince crapaud", selon la cruauté des traducteurs, la Princesse, contrainte à vivre avec l'animal, ne l'embrasse pas. Alors qu'elle doit partager son lit avec l'infâme batracien, la jeune fille jette l'animal contre le mur de toutes ses forces et c'est lorsqu'il tombe à terre que l'amphibien se transforme en prince.  Bien que cette version soit nettement moins dégoutante, nous nous abstiendrons de tout excès de violence, et c'est  avec délicatesse que nous accompagnerons l'intrus maladroit hors de la maison, ratant par là même, l'occasion de rencontrer le conjoint idéal.

28 juil. 2012

Les Jeux de Domination

Il n'y a guère que sur les tasses à café achetées chez carrefour pour trois euros dix que les chats minaudent. Dans la vraie vie, les chats mènent sans répit une guerre de territoire. Et nous voilà contraints d'enfiler le casque bleu de la force d'interposition. Certes, il manque ici la violence des assauts et les cris déchirants qui soudain vous réveillent au milieu de la nuit, quand surgissent dans la chambre les belligérants aux griffes acérées. Comme un soldat traumatisé par l'assaut nocturne de l'ennemi, nous voilà pris dans un sommeil inquiet, sursautant aux moindre signes de présence inhabituelle. Et puisque qu'aucun forum d'entraide n'existe à ce propos, il est temps de briser le tabou et d'aider ceux qui vivent les mêmes frayeurs sous la coupe du syndrome de Mistigri.

23 juil. 2012

Les Compromis félins

Quand il s'agit de voir sa gamelle remplie, le greffier est prêt aux plus vils stratagèmes. Lui, d'habitude si farouche, se fait le plus câlins des félins. Ronronnant à tire larigot, il se frotte, se love, et perd toute dignité. Pour quelques grammes de viandes, le chat renonce à l'indépendance qu'il revendique pourtant à longueur de journée. Croit-il duper celui qui le cajole ou sommes nous tous les deux conscients de la supercherie ? Qu'importe, l'un comme l'autre semblons savourer cet instant rare d'amour presque gratuit.

19 juil. 2012

Dominique A

Rituel rendez-vous avec la foule de Paléo. Dominique A esquisse avec soin son dernier album, entouré de dix musiciens. La précision des arrangements est d'une rare délicatesse. La façon dont le bassiste ondule derrière l'artiste au premier plan crée le contrepoint parfait à sa présence solide.

18 juil. 2012

Les fausses Plages

"Il n'y a plus de saison ma brave dame." Pourtant les cités continuent à s'inventer de fausses plages pour donner aux citoyens qui n'ont pas le loisir de se rendre en croisière ou sur les bords de mer, l'illusion d'être ailleurs. Les Paris plage, Lille plage, dieu sait où plage... sont à l'été ce que les illuminations et les boules sont à Noël. Le transat devient la synecdoque inconsciente d'un été savouré, farniente, bel été en somme. Mais parfois le symbole ne peut lutter avec la sensation réelle, pluie, nuages et courants d'air glacés découragent les passants et rappellent haut et fort que ces parodies de carton pâte ne remplacent pas la réelle sensation du vent du large sur nos visages tandis que rumine l'océan sur les galets ou sur le sable. Alors, au coeur de la cité, sous nos parapluies, il nous faut rire de ces mises en scènes dérisoires en espérant cependant que s'installe enfin l'anticyclone salvateur qui rendra ces pastiches moins ridicules.

14 juil. 2012

Home sweet Home

Deux mille cinq cents kilomètres plus tard, retour à la case départ. Après cette plongée au coeur des Flandres, la vie, ici, semble  à la fois plus brouillonne mais aussi aseptisée. C'est l'effet boule à neige.

11 juil. 2012

Dans le petit Bain


Les villes de province s'inventent de beaux musées, écrins de qualité pour collections modestes. Ici, une ancienne piscine totalement restructurée tout en préservant l'ancien espace du bassin. L'endroit est magnifique et la curiosité des visiteurs ne peut être que piquée lorsqu'il se trouve au détour d'une salle face au portrait de madame Hanus par Jean-Joseph Weert...

9 juil. 2012

Le Chemin de Halage

Sur les routes de France, l'été est propice aux travaux de réfection des routes. Le voyageur dubitatif se retrouve ainsi mené par le bout du nez par des déviations gargantuesques et il lui faut alors stratagème trouver pour ne pas perdre un temps fou à courir la campagne. Dans ces cas là, se fier à l'instinct et suivre l'autochtone, permet de découvrir une alternative plus rapide et surtout plus champêtre. Ainsi, suivre durant deux kilomètres un chemin de halage le long de la Deule puis bifurquer sur la droite sur un chemin agricole vous mènera à bon port avec une perte de temps minime. 

L'autre atout de cet astucieux détour est de découvrir un coin magique. Arrêter la voiture et prendre le temps de marcher le long du canal. Compter les hérons qui s'agglutinent dans un champs tandis que les péniches s'effacent au loin. Dans un vacarme d'enfer, le train régional traverse le canal sur un pont d'acier. Essayer de photographier tout ceci, et finalement revenir avec un bout de barrière rouillé sur fond d'eau striée par le vent, comme si le détail était plus fidèle que le tout. 

Le Berger d'Epinoy

Dans un champs de soja vert, face à un dérisoire calvaire, une bande de deux mètres de large a été récemment moissonnée. De la route, on peut ainsi accéder à Saint Druon, gaillard du coin, patron des bergers, qui enseigna notamment voilà plus de 900 ans comment se débarrasser des hordes de hannetons qui s'abattaient parfois dans les environs. La terre est lourde de pluie et le ciel chargé de nuages. Derrière la vitre brisée de son modeste calvaire de briques rouges, Druon d'Epinoy lutte contre le reflet du soleil pour poser sur le pèlerin un regard bienveillant. Il n'est guère habitué à recevoir ainsi de la visite. Certes, le lundi de Pentecôte, une procession vient jusqu'à lui et l'honore de prières. La meute bigarrée de pèlerins d'un certain âge, comme se plaît à le souligner l'échotier du coin, lui présente sa dévotion et s'en retourne à travers champs, les pieds crottés. Une fois rentrés chez eux, en nettoyant la boue qui souille leurs escarpins du dimanche, certains doivent maudire ce calvaire des champs. Qu'importe, Druon attendra impassible que viennent à lui l'année suivante de nouveaux adorateurs endimanchés.

7 juil. 2012

L'Eté des Emigrés

L'été les émigrés retournent aux sources, auprès de ceux qui sont restés au pays. Mais tous les émigrés ne viennent pas du sud. L'évocation de vacances au bord de la mer du nord fait toujours tiquer les interlocuteurs, habitués à rêver de Sicile ou d'Andalousie. Mais ici les ciels se colorent comme aucun autre, des dégradés et des formes sans cesse en mouvement. Et si l'on frissonne dans une mer trouble à 15 degrés, il y a quand même des maîtres nageurs comme dans Alerte à Malibu, sauf qu'ils portent en permanence une bonne polaire rouge. Normal, c'est le mois de juillet quand même.

6 juil. 2012

Maurice a la Frite

Au coeur des villages du nord, le matin, les friteries font grise mine. Le soir, elles sont pôle d'attraction. Dès 17 heures, un système lance l'allumage automatique des néons. Ils clignotent gaiement de manière à rappeler aux futurs clients l'aubaine que représente cette baraque de peu, plantée au milieu du village. Dès 19 heures, Maurice, ou un avatar truculent, lève le volet central et les stores latéraux. L'huile chauffe, tandis que s'arrêtent les premières voitures. Les patates jetées dans l'huile crépitent. Maurice se couchera tard, vers minuit trente ou une heure du matin, une fricandelle, un peu plus de ketchup ou alors une sauce cocktail. Quand l'enseigne de la baraque s'éteint, la vie du village se meurt. En apparence.

La Brique rouge

Retour sur la terre des aïeux. La famille Marsy tenait un café de quartier, là, en plein coeur du pays minier. Cent ans plus tard, c'est la zone sinistrée. Le dernier puits de mine a fermé en 1990 après le lent démantèlement de tout ce secteur. Zone sinistrée, voilà sans doute pourquoi les murs de briques rouges ont récemment failli tourner au bleu marine...

1 juil. 2012

La petite Voix intérieure

Le bruissement de notre conscience se fait entendre en permanence comme le ressac d'un océan tourmenté. Il est cependant rare d'en proposer une possible représentation. A la lumière d'un feu interdit sur la prairie, saisir fugitivement la dualité d'un être inconnu.