27 févr. 2010

Tailleur pour dame

French manucure avec de petits os incrustés dans le verni. Ne t'étonnes pas si ton meilleur ami te grignote les doigts sur ton lit de mort.

18 févr. 2010

Le partage de la saleté

Retour à la réalité, cinq francs les sept kilos de linge sale. Quarante minute de mouillage, rinçage, essorage. Veuillez vider votre machine dès la fin du cycle de lavage. Transport de linge humide rue de Berne, sous le nez des amateurs de petites culottes. Retour à la maison pour l'exercice de l'étendage. Trouver, emmêlé dans la fibre d'un pull, un noeud de cheveux blonds, longs et rugueux. Pour cinq francs, mélangez vos fluides, vos textiles, mélangez vos vies, partagez vos misères.

9 févr. 2010

Le Brouillard des Malveillants

Le stratus ne se franchit pas toujours, même au coeur de l'hiver. Qui est malveillant ? Celui qui pousse la bête hors du lieu public pour qu'elle y meurt en assumant sa faiblesse ? Celui qui est la bête et qui ne renonce pas à ses terribles penchants ? D'une société esclavagiste nous sommes passés à une société esclavagiste, mais aujourd'hui les esclaves assument eux même leur statut. Ils sont libre penseurs de leur dépendance. Ils sont échoués sur les trottoirs, derrière les vitrines. Ils sont sujet au cancer du poumon, à la gastro ou à la grippe saisonnière. Nous ferons tout pour les tuer, tout pour les désigner comme inconvenants. Ainsi les voilà en vitrine de notre confort tempéré, derrière leur nuage, tentant d'empoisonner l'air extérieur dans l'espoir que leur poison nous atteigne enfin, jusqu'à mourir ensemble.

1 févr. 2010

L'espace d'un instant

Prendre la température une dernière fois. S'imprégner de cette étrange humeur.
Se souvenir des odeurs, des visages, des bonheurs et des dérives. Il y a des espaces qui permettent la dérive. Des espaces qui invitent au rêve. L'espace d'un instant.

25 janv. 2010

Fin d'époque


Echouées sur le rivage, les épaves esseulées attendent que fondent les illusions des années passées. Le jour où la douceur revenue ôtera cette pellicule de neige, le squelette perdra sa beauté. Ne pas se perdre dans la comédie des atours.

14 janv. 2010

Le rivière des morts

Il y a le passeur qui nous mène de vie à trépas.
Dans l'esprit des anciens, il possède une barque.
Mais tout se modernise.
Aujourd'hui, on flotte au dessus du fleuve pour rejoindre les mêmes territoires.
Curieusement en chemin, on croise la barque vide de celui qui expirât voilà peu...


25 déc. 2009

Le Prophète

Un cochon de lait peut nourrir douze personnes et ce, après seulement 12 semaines de vie.
Un messie devient aussi comestible à la longue, mais le temps d'élevage dure, dure, dure. Ceci est mon corps... livré pour vous... et pour la multitude... Joyeux Noël.

21 déc. 2009

La Patinoire


Paraissent sur les routes les atours dramatiques des jours de verglas. Plus loin, une tombée de pare-brise au pied d'un tronc, un rond point démonté par un véhicule ayant de toute évidence refusé de tourner, un ambulancier les quatre fers en l'air.

14 déc. 2009

Les Dépendances

A force de passer là, on ne voit plus rien de ce que l'on devrait percevoir.
A force de vivre, on cultive d'étranges dépendances aux habitudes, fleurs de lassitude peut être.
A force de marcher tête basse, on est rendu de guerre lasse, expression qui signifie cependant que l'on a exercé une longue résistance.
Alors à partir de quel moment ne résiste-t-on plus à l'effacement de ce que l'on voit chaque jour ?

7 déc. 2009

L'Enfer ou le Paradis

Réalisé sans trucage et sans arrière pensées :Pont du Mont Blanc, Genève, le 30 novembre 2009.
Au même moment, dans mon dos, un arc en ciel reliait les deux rives du petit lac, à croire que la météo avait choisi d'opposer ce jour là, le feu des enfers et l'angélisme béat des élans paradisiaques.
Une deuxième image vaut mieux qu'un long discours.

Comme tous les bienheureux crédules, je me suis précipité afin de dénicher l'endroit où l'arc en ciel trouvait son origine... Evidemment le phénomène s'était effacé avant que je ne parvienne à localiser le pot d'or. Seule demeure cette photo... De toute évidence, il faudrait creuser... disons... sous l'OMC... Amusant...

2 déc. 2009

La Fontaine des Fées


Certains rêvent de jardins féériques, on se demande à quoi bon, pourtant voilà un espace au coeur de Genève qui nous conduit au delà, au delà des sombres réalités.
Si nous sommes capables de conjuguer lumière et imaginaire, les forces de l'ombre seront peut être moins féroces.
Plus loin, un arbre est couvert de corps de parachutistes dorés, pendus à leurs voiles.
Vision politique morbide contre vision onirique, quel est le meilleur vecteur pour lutter contre l'obscurantisme ?

29 nov. 2009

Les Graines d'Images

Au pied d'un arbre coupé, jetez négligemment quelques graines d'images dans l'espoir de voir pousser de nouveaux rêves. Essayez d'éviter les clichés exotiques qui poussent mal sous nos latitudes. Préférez les horizons dégagés, les couleurs bien tranchées. Sont aussi acceptées les copies de tableau pour un arbre musée révélant au fil des saisons l'histoire de l'art.
En ville pourtant, inutile de trop espérer, seules quelques graines germeront et leurs chances de devenir arbre seront minces. Il est donc conseillé de planter les graines d'images au coeur des forêts en des endroits cachés où seuls vous saurez les retrouver.

22 nov. 2009

Le Nouvel Edimbourg

Bien loin de la vieille enfumée, en novembre, Genève joue à la nuit tombée avec des jupons de brouillard. Sous ceux-ci, se cachent toujours les mêmes petites misères, mais la densité de ce rideau de gouttes atténue l'invraisemblance de nos existences.

19 nov. 2009

La mémoire

Logiciel intelligent qui prétend reconnaître vos proches, déceler les visages, débusquer les sourires. Logiciel intégré vous invitant à nommer vos plus doux souvenirs, à donner une localisation géographique aux images oubliées. Logiciel astucieux qui classe, ordonne, défriche votre propre histoire; ordonner c'est déjà donner du sens. Logiciel indiscret qui déterre, confronte, juxtapose et provoque des abus de mémoire. Logiciel imparfait qui confond, mélange et finit par avouer qu'il ignore jusqu'aux prénoms des saints. Juste un logiciel.

17 nov. 2009

Miroir déformant

Eté de la Saint Martin, il y a encore des terrasses et des oiseaux pour y prendre le café. Le soleil donne. Les corneilles convoitent le sandwich que je mange au parc. Tout est incertain sous le regard des oiseaux noirs.

Bel été de Saint Martin, présage un hiver certain.

Les vieux adages rassurent. Mon ombre s'allonge. L'appareil photo dérange la perspective.
Tout est ainsi pour l'heure. Je m'accroche aux croyances ancestrales, je crains les ombres et les corneilles, je fais confiance au soleil et tout se mue en une réalité dont j'ignore la réalité.

Le fruit d'un paradoxe optique...


8 nov. 2009

Bleu pétrole

Sur le canal de l'automne, les colverts sillonnent entre les feuilles. Certains matins, des tombées jaunes dorées changent les trottoirs en patinoires colorées, l'inconvénient tient au risque de chute, car à l'oeil, l'essai est très probant.
J'attends les vacances avec impatience, en même temps, je ne veux pas hâter le pas. Il ne faut pas se précipiter vers la mort.

1 nov. 2009

Sans heure


L'église de mon village natal a des problèmes de temps. Les aiguilles galopantes ont dû être retirées, en attendant que le mécanisme soit réparé. La vision est étonnante, comme si le coeur du village avait perdu la raison, sa raison d'être. Pensée inquiétante, si l'on considère que bien des paroissiens se trouvèrent malmenés au point de perdre le sens du temps quand l'horloge du clocher se mit à indiquer une heure improbable. Il vaut donc mieux supprimer l'heure plutôt que de la laisser s'inventer toute seule.

26 oct. 2009

Il se peut

Il pleut, il se peut qu'ils pleurent, ils ont peur des chiffonniers de la capitale.
Mais les cathédrales gothiques avec leurs contreforts leur rappellent que le squelette se tient parfois à l'extérieur du corps. Ainsi la force de l'édifice élancé et fragile se cache dans les jardins où les gargouilles se décomposent aux acides des pluies amères. Sous ces regards monstrueux éborgnés par la vigueur des averses, ils apprennent malgré eux à être eux même.

22 oct. 2009

une hirondelle



Le méli mélo des ingrédients de ce corps juché sur une bicyclette a le charme d'un crime imparfait. Actuellement je ne parviens plus à lire, même les polars. Je m'efforce pourtant de poursuivre la lecture entamée. Mais l'histoire m'échappe à force de n'en toucher qu'un fragment trop sommaire, soir après soir, nuit après nuit. Je ne sais s'il s'agit d'un mal dû à ce livre précisément ou d'une faiblesse plus profonde. Les seules fois où je parviens à dépasser les quelques lignes, c'est au petit matin, quand l'angoisse du lendemain m'occupe. Alors je dévore... Mais comme c'est une parenthèse au milieu des rêves, la lecture est fantomatique et n'inscrit rien au creux de mon âme.