7 sept. 2012
Le Fonds de Commerce
Parfois, le succès d'un commerce n'est pas au fond de la boutique, mais juste là sur le trottoir à prendre le temps de feuilleter une brochure avec une cliente fidèle. Le boucher verra encore défiler un grand nombre de clients avant de baisser le rideau de fer de sa devanture, vers huit heures du soir. Il n'utilise aucun subterfuge tape à l'oeil, il communique mieux que toute publicité et surtout que les armadas d'employés qui rangent des produits dans les rayons de nos supermarchés. Très bobo, cette nostalgie des rapports humains, trop ?
5 sept. 2012
Un Signe de plus
Chaque société produit des signes dont il est parfois difficile de comprendre la portée. Ici, il ne s'agit a priori pas d'un danger, juste une information, le bleu n'est pas, pour nous, couleur d'alerte. Ce garage, ou plutôt cet atelier à la devanture fermée, recèle pourtant une particularité suffisamment singulière pour qu'elle fut ainsi signalée. Mais le sens réel nous échappera toujours. Il faudrait revenir et questionner le propriétaire, mais les touristes ne perdent pas de temps en pareilles fadaises.
30 août 2012
La Grande Bleue
Il y a des courants qui vous empoignent et vous éloignent de la terre. Il y a des créatures marines qui se frottent à vous et répandent leur venin. Il y a des femmes qui ne cachent pas les cicatrices de leurs implants mammaires sous des maillots de bain. Il y a des tatouages sur toutes les peaux. Il y a le sable brûlant. Il y a d'ailleurs de la chaleur dans chaque molécule d'air. Il y a le vent qui soulève le sable. Il y a la ville tout à côté. Il y a l'été. Tout cela sous le regard du surveillant de plage sur son arbre perché.
21 août 2012
Les Nains de Jardin ne voyagent pas
Comme le précise wikipedia, jamais avare de savoir, "le vol de nain de jardin est une activité illégale. La victime peut porter plainte contre le ravisseur et celui-ci peut être condamné pour vol et harcèlement." Contrairement à une croyance dont Jean-Pierre Jeunet se fit le colporteur, les nains de jardin ne font pas le tour du monde. Bien au contraire, ils préfèrent à cela témoigner au quotidien des aventures de leur environnement proche. Canicule ou fortes gelées, le nain est la mémoire du potager. Il compte les gouttes de rosée, évalue les récoltes, recense les populations d'insectes, enregistre les naissances, les décès de ce microcosme jardinier. Les nains de jardin ne voyagent pas, car contrairement à nous, ils savent que le grand tout se déroule à tout instant, en tout lieu. Il leur est inutile pour comprendre le monde d'en explorer sa diversité. Mais si d'aventure vous voyagez, pensez à partager vos impressions avec votre nain, car sédentaire il est, mais vos récits le font rêver.
15 août 2012
Mourir en été
Mourir en été, voilà une bien étrange idée. Dans un cimetière surchauffé, une famille endeuillée avance en procession. En rangs serrés, une armée d'arrosoirs jaunes entourent leur tristesse. Alentours, les stèles bien scellées réfléchissent la lumière, insoutenable. La sueur perle aux fronts des agents des pompes funèbres qui enfilent, dans la terre sèche et craquelée, le cercueil. Mourir en été, c'est désarçonner ses proches. Tout à coup, l'absence, la disparition, n'ont pas seulement le goût des larmes. Il y a cette lumière qui vous écrase, la vie qui foisonne et des oiseaux bavards. Un lézard surgit. La mort c'est glacial, sauf en été.
13 août 2012
Madame reçoit
"Madame reçoit" tel est le titre de cette toile, d'un certain Remy Cogghe. Mais qui reçoit-elle ou que reçoit-elle pour attiser ainsi la curiosité des domestiques ? L'histoire ne le dit pas.
8 août 2012
Sous la Basilique
Ils se retrouvent un jour d'été sous la basilique, torses nus, entre amis, avec quelques bières. Viennent ceux qui n'ont pas oublié, ceux qui ont trop chaud dans leur appartement, ceux qui ne supportent plus que leur mère les envoie chercher du travail. Viennent ceux qui ont vingt ans, vingt-cinq ans tout au plus. Après il doit se passer quelque chose et on ne passe plus l'été ainsi. Viennent ceux qui se fichent de Dieu et de l'économie du monde. Viennent ceux qui marchent les pieds nus et qui traversent doucement les étendues de pelouse brûlée pour approcher ceux qui vont, pressés, sur les allées goudronnées. Ils leur demandent une cigarette. Mais ils ne mendient pas. Ils possèdent ce qu'ils possèdent, pas grand chose, mais ils n'ont pas faim. Ils ont un toit, ils ont une mère qui quoiqu'ils fassent de leurs après midi, prépare un repas dans l'appartement étouffant de chaleur. Ils ont un lit où s'effondre la nuit, la vie qu'ils peinent tant à s'imaginer. Alors sous la basilique, ils reprennent chaque jour l'impossible débat. Les autres sont venus aussi, ceux qui n'ont pas oublié, ceux qui ont trop chaud dans leur appartement, ceux qui ne supportent plus que leur mère les envoie chercher du travail, ceux qui ont vingt ans, vingt-cinq ans tout plus. Après, il doit se passer quelque chose, mais ils ne savent pas quoi, ni comment cela se produit. Alors en d'intarissables échanges, ils refont chaque jour, le roman du présent et d'un avenir dont ils ne savent rien. Et si tout à coup, l'angoisse les envahit et que le silence se fait, un autre finit par arriver et relance la roue des possibles lendemains. Sous la Basilique San Lorenzo, à Milan, un après midi poisseux du mois d'août 2012.
30 juil. 2012
Le Profil du Batracien
Illusoirement conditionnés par les contes de fées, nous voilà tentés de saisir ce crapaud qui surgit au milieu du salon pour lui coller la bise qui le transformera en beau prince riche et séduisant. Dans la réalité, l'idée saugrenue d'embrasser pareil animal fait froid dans le dos. Notons que ce hiatus entre l'écrit et la réalité nous éclaire sur la fragilité psychologique des héroïnes de conte de fée. Cependant, si l'on se réfère aux frères Grimm, il n'est pas question ici d'un baiser. Dans "le prince grenouille", ou "le prince crapaud", selon la cruauté des traducteurs, la Princesse, contrainte à vivre avec l'animal, ne l'embrasse pas. Alors qu'elle doit partager son lit avec l'infâme batracien, la jeune fille jette l'animal contre le mur de toutes ses forces et c'est lorsqu'il tombe à terre que l'amphibien se transforme en prince. Bien que cette version soit nettement moins dégoutante, nous nous abstiendrons de tout excès de violence, et c'est avec délicatesse que nous accompagnerons l'intrus maladroit hors de la maison, ratant par là même, l'occasion de rencontrer le conjoint idéal.
28 juil. 2012
Les Jeux de Domination
Il n'y a guère que sur les tasses à café achetées chez carrefour pour trois euros dix que les chats minaudent. Dans la vraie vie, les chats mènent sans répit une guerre de territoire. Et nous voilà contraints d'enfiler le casque bleu de la force d'interposition. Certes, il manque ici la violence des assauts et les cris déchirants qui soudain vous réveillent au milieu de la nuit, quand surgissent dans la chambre les belligérants aux griffes acérées. Comme un soldat traumatisé par l'assaut nocturne de l'ennemi, nous voilà pris dans un sommeil inquiet, sursautant aux moindre signes de présence inhabituelle. Et puisque qu'aucun forum d'entraide n'existe à ce propos, il est temps de briser le tabou et d'aider ceux qui vivent les mêmes frayeurs sous la coupe du syndrome de Mistigri.
23 juil. 2012
Les Compromis félins
Quand il s'agit de voir sa gamelle remplie, le greffier est prêt aux plus vils stratagèmes. Lui, d'habitude si farouche, se fait le plus câlins des félins. Ronronnant à tire larigot, il se frotte, se love, et perd toute dignité. Pour quelques grammes de viandes, le chat renonce à l'indépendance qu'il revendique pourtant à longueur de journée. Croit-il duper celui qui le cajole ou sommes nous tous les deux conscients de la supercherie ? Qu'importe, l'un comme l'autre semblons savourer cet instant rare d'amour presque gratuit.
19 juil. 2012
Dominique A
Rituel rendez-vous avec la foule de Paléo. Dominique A esquisse avec soin son dernier album, entouré de dix musiciens. La précision des arrangements est d'une rare délicatesse. La façon dont le bassiste ondule derrière l'artiste au premier plan crée le contrepoint parfait à sa présence solide.
18 juil. 2012
Les fausses Plages
"Il n'y a plus de saison ma brave dame." Pourtant les cités continuent à s'inventer de fausses plages pour donner aux citoyens qui n'ont pas le loisir de se rendre en croisière ou sur les bords de mer, l'illusion d'être ailleurs. Les Paris plage, Lille plage, dieu sait où plage... sont à l'été ce que les illuminations et les boules sont à Noël. Le transat devient la synecdoque inconsciente d'un été savouré, farniente, bel été en somme. Mais parfois le symbole ne peut lutter avec la sensation réelle, pluie, nuages et courants d'air glacés découragent les passants et rappellent haut et fort que ces parodies de carton pâte ne remplacent pas la réelle sensation du vent du large sur nos visages tandis que rumine l'océan sur les galets ou sur le sable. Alors, au coeur de la cité, sous nos parapluies, il nous faut rire de ces mises en scènes dérisoires en espérant cependant que s'installe enfin l'anticyclone salvateur qui rendra ces pastiches moins ridicules.
14 juil. 2012
Home sweet Home
Deux mille cinq cents kilomètres plus tard, retour à la case départ. Après cette plongée au coeur des Flandres, la vie, ici, semble à la fois plus brouillonne mais aussi aseptisée. C'est l'effet boule à neige.
11 juil. 2012
Dans le petit Bain
Les villes de province s'inventent de beaux musées, écrins de qualité pour collections modestes. Ici, une ancienne piscine totalement restructurée tout en préservant l'ancien espace du bassin. L'endroit est magnifique et la curiosité des visiteurs ne peut être que piquée lorsqu'il se trouve au détour d'une salle face au portrait de madame Hanus par Jean-Joseph Weert...
9 juil. 2012
Le Chemin de Halage
Sur les routes de France, l'été est propice aux travaux de réfection des routes. Le voyageur dubitatif se retrouve ainsi mené par le bout du nez par des déviations gargantuesques et il lui faut alors stratagème trouver pour ne pas perdre un temps fou à courir la campagne. Dans ces cas là, se fier à l'instinct et suivre l'autochtone, permet de découvrir une alternative plus rapide et surtout plus champêtre. Ainsi, suivre durant deux kilomètres un chemin de halage le long de la Deule puis bifurquer sur la droite sur un chemin agricole vous mènera à bon port avec une perte de temps minime.
L'autre atout de cet astucieux détour est de découvrir un coin magique. Arrêter la voiture et prendre le temps de marcher le long du canal. Compter les hérons qui s'agglutinent dans un champs tandis que les péniches s'effacent au loin. Dans un vacarme d'enfer, le train régional traverse le canal sur un pont d'acier. Essayer de photographier tout ceci, et finalement revenir avec un bout de barrière rouillé sur fond d'eau striée par le vent, comme si le détail était plus fidèle que le tout.
Le Berger d'Epinoy
Dans un champs de soja vert, face à un dérisoire calvaire, une bande de deux mètres de large a été récemment moissonnée. De la route, on peut ainsi accéder à Saint Druon, gaillard du coin, patron des bergers, qui enseigna notamment voilà plus de 900 ans comment se débarrasser des hordes de hannetons qui s'abattaient parfois dans les environs. La terre est lourde de pluie et le ciel chargé de nuages. Derrière la vitre brisée de son modeste calvaire de briques rouges, Druon d'Epinoy lutte contre le reflet du soleil pour poser sur le pèlerin un regard bienveillant. Il n'est guère habitué à recevoir ainsi de la visite. Certes, le lundi de Pentecôte, une procession vient jusqu'à lui et l'honore de prières. La meute bigarrée de pèlerins d'un certain âge, comme se plaît à le souligner l'échotier du coin, lui présente sa dévotion et s'en retourne à travers champs, les pieds crottés. Une fois rentrés chez eux, en nettoyant la boue qui souille leurs escarpins du dimanche, certains doivent maudire ce calvaire des champs. Qu'importe, Druon attendra impassible que viennent à lui l'année suivante de nouveaux adorateurs endimanchés.
7 juil. 2012
L'Eté des Emigrés
L'été les émigrés retournent aux sources, auprès de ceux qui sont restés au pays. Mais tous les émigrés ne viennent pas du sud. L'évocation de vacances au bord de la mer du nord fait toujours tiquer les interlocuteurs, habitués à rêver de Sicile ou d'Andalousie. Mais ici les ciels se colorent comme aucun autre, des dégradés et des formes sans cesse en mouvement. Et si l'on frissonne dans une mer trouble à 15 degrés, il y a quand même des maîtres nageurs comme dans Alerte à Malibu, sauf qu'ils portent en permanence une bonne polaire rouge. Normal, c'est le mois de juillet quand même.
6 juil. 2012
Maurice a la Frite
Au coeur des villages du nord, le matin, les friteries font grise mine. Le soir, elles sont pôle d'attraction. Dès 17 heures, un système lance l'allumage automatique des néons. Ils clignotent gaiement de manière à rappeler aux futurs clients l'aubaine que représente cette baraque de peu, plantée au milieu du village. Dès 19 heures, Maurice, ou un avatar truculent, lève le volet central et les stores latéraux. L'huile chauffe, tandis que s'arrêtent les premières voitures. Les patates jetées dans l'huile crépitent. Maurice se couchera tard, vers minuit trente ou une heure du matin, une fricandelle, un peu plus de ketchup ou alors une sauce cocktail. Quand l'enseigne de la baraque s'éteint, la vie du village se meurt. En apparence.
La Brique rouge
Retour sur la terre des aïeux. La famille Marsy tenait un café de quartier, là, en plein coeur du pays minier. Cent ans plus tard, c'est la zone sinistrée. Le dernier puits de mine a fermé en 1990 après le lent démantèlement de tout ce secteur. Zone sinistrée, voilà sans doute pourquoi les murs de briques rouges ont récemment failli tourner au bleu marine...
1 juil. 2012
La petite Voix intérieure
Le bruissement de notre conscience se fait entendre en permanence comme le ressac d'un océan tourmenté. Il est cependant rare d'en proposer une possible représentation. A la lumière d'un feu interdit sur la prairie, saisir fugitivement la dualité d'un être inconnu.
23 juin 2012
Le Musicien
Une image de rien, extraite d'une image de peu, autrement dit, un recadrage artificiel, histoire d'extraire d'une autre image le détail qui révèle la saveur de l'instant. Sur la photo que vous ne verrez jamais, une petite fille en jupe orange écoute une pianiste et une percussionniste dans un parc, à l'occasion de la fête de la musique. Elle est fascinée. Mais au pied du piano, il y a ce trompettiste au repos. En découvrant la photo en plan large, il semble évident qu'il faut désigner ce qui est passé inaperçu dans l'instant. Au diable les puristes... Le trompettiste ne dort pas. Il savoure simplement l'écoute de ce concert improvisé. Peut être que le moment voulu, il se redressera et participera au boeuf. Mais la fête de la musique est un vagabondage et jamais la petite fille ne verra le gisant saisir son instrument. Plus loin, une fanfare, des amis, la vie a tant de couleurs et les partitions inventent à chaque détour, des horizons aux reliefs si différents.
20 juin 2012
La Petite Vadrouille
A raison de deux chars par wagon, comptez un peu plus de vingt wagons, la cavalerie entame sa traversée de la Suisse à petits pas. Petits pas, car il ne faut pas perturber le trafic. Aussi, quand cela s'avère nécessaire, le convoi s'attarde dans une gare, le temps de laisser passer les intercity prioritaires. S'offre ainsi ainsi aux compatriotes reconnaissants, la chance d'observer un aperçu des atouts de son armée. Selon Wikipedia, la Suisse possédait en 2008, 580 chars de grenadiers M113, mais vieux grigous d'un temps passé, nombre d'entre eux doivent être aujourd'hui démantelés et recyclés, faute d'avoir pu les vendre ici ou là. Ainsi, cette cinquantaine de chars se rend peut être au cimetière. C'est une parade d'armes condamnées. Il existe à Ecublens une usine qui s'occupe de les démonter. Récemment, des voix minoritaires s'élèvaient ici et là pour proposer ces chars à l'opposition Syrienne. L'idée ne séduit guère. Je ne connaissais rien des chars de grenadiers M113, avant de les croiser en gare de Sierre, bien loin de la Syrie, bien loin de la guerre.
10 juin 2012
Le Géant aux Mains pleines
Ni Castor, ni Pollux, mais des jumeaux gémeaux, des gémeaux jumeaux, ils portent en eux les promesses de nouveaux mythes et d'histoires fabuleuses. Moins de 48 heures après leur venue au grand air, ils sont encore bien calmes, leur douce chaleur se transmet au creux des bras. Le géant aux mains pleines s'apaise, désarmé par tant de délicatesse.
6 juin 2012
Les Petits Poissons blancs
Les raies sont jaunes et la baleine bleue... Par souci du respect du droit à l'image, le brushing et l'intégralité du visage vous seront épargnés. Voyant cette dame sortir d'une célèbre banque de la place en refermant son sac à main avec prudence, on peut imaginer des transferts d'argent douteux, aussi douteux que le choix de son carré de soie. C'est dire... Voilà peut être une épouse en mission pour son riche conjoint espagnol, une secrétaire de direction mandatée par un armateur grec, la mine confiante, son devoir accompli, elle s'en va sereine visiter les boutiques du quartier oubliant la crise et son lot de malversations.
27 mai 2012
Un Fracas de Médailles
Les insignes de l'honneur finissent souvent sur les brocantes. Malmenés par un vendeur des puces, les rubans et les médailles s'agglutinent aujourd'hui dans un coin du cadre, enchevêtrement de réussites oubliées.
25 mai 2012
L'Absolu
Je n'ai pas soif d'absolu. La toile de ce jeans est d'une opacité totale. Je ne vois pas plus loin que ce tissu qui cache une jambe, la mienne sans doute. Qu'importe si d'autres ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Pour ma part, j'ai trouvé un ciel improbable posé sur ma cuisse. Il y a donc des voies lactées manufacturées de lignes de coton bleu. Ainsi, l'infini n'est pas toujours au delà du visible. De toute façon, à notre échelle, l'infini n'existe pas.
Plaise à qui de droit que vienne une éclaircie.
Plaise à qui de droit que vienne une éclaircie.
21 mai 2012
Et l'Univers s'étend
L'un vous dit qu'il veut mourir, l'autre que son amie atteinte d'un cancer de l'oesophage a une haleine de chienne, "ça doit être pourri à l'intérieur" précise-t-elle, le troisième lâche sur l'oreiller des larmes en avouant qu'il se sent seul, malgré lui, malgré vous. Et l'univers s'étend... Mais curieusement, les scientifiques ont découvert que la vitesse d'expansion ne décroit pas, la matière accélère au bout du bout du bout de cette étendue de ciel dont on ne peut imaginer l'immensité. Alors tourner la tête vers un ciel d'étoiles éphémères et immobiles, un ciel sur fond vert, un ciel de pâquerettes, une voie lactée de printemps. Tant pis si l'univers accélère sa course quand il s'éloigne de nous, tant pis si les solitudes sont aussi tenaces. Il y a un ciel de pâquerettes dont les constellations s'inventent au gré des vents. Si c'est le seul émerveillement dont on puisse se saisir un jour comme celui-là... savoir en savourer l'absurde satisfaction.
17 mai 2012
Ne te découvre pas d'un Fil
En mai, fait ce qu'il te plaît, dit le proverbe. Mais les arbres de la rade portent des écharpes bariolées, tricotées sans doute par des grands mères attentionnées, soucieuses de préserver la santé de platanes centenaires.
8 mai 2012
L'Equinoxe du Désordre
Les saisons ont cela de bien qu'elles suivent un rythme immuable, fondé sur des éléments que nous avons peu à peu identifiés. Le savoir compilé de tous les hommes qui ont observés ces phénomènes, de ceux qui les ont décrits, de ceux qui ont cherchés plus loin que les apparences, nous fournit un tableau certes encore imparfait, mais déjà convaincant. Mutatis mutandis. A l'échelle d'une vie, il est difficile de saisir ce qui est immuable, ce qui est imprévu. On s'imagine bien qu'il existe des cycles, les saisons du plaisir et les saisons du repentir, mais bien malin celui qui saura dire quand on franchit vraiment l'équinoxe du désordre.
5 mai 2012
La Présidentielle
Peut être qu'un regard de face vaut mieux qu'un regard tourné vers l'avenir... Enfin, il semble qu'un visage s'efface. La ride prononcée du sourcil était-elle de trop durant toutes ces années... Je n'ose plus vous regarder en face, mais je vous incite à regarder vers demain, avec la même mine grave que celle que j'affiche, malgré la mer apaisée qui s'étend derrière moi... Et l'autre... il nous regarde, la paupière un peu avachie, la ride photoshopée... C'est ça la présidentielle...
26 avr. 2012
Tu me fais rougir
Il y a là un curieux paradoxe. Un festival, plutôt centré sur le documentaire, s'associe à des saltimbanques pour animer son univers. Tout à coup, s'invite dans le quotidien une once de poésie. Un dérapage incontrôlé ? ou alors la représentation exacte de ce que le bon documentaire devrait nous apporter... Un regard de saltimbanques sur l'histoire, la géographie, la chimie... un regard décalé et assumé. Visions du Réel, certes, mais Visions avant tout. Vive les décalages...
16 avr. 2012
Toi-même
Parce qu'avoir la tête sur les épaules ne garantit pas qu'on ait toujours la tête à ce qu'on est en train de faire.
13 avr. 2012
L'Art du Camouflage
Pour conjurer le sort qui lui est à coup sûr réservé, le lapin de Pâques en chocolat noir a choisi un prénom à même de dissuader les gourmands. Si le lapin s'appelle Urs, comment s'appelle l'ours ?
31 mars 2012
La Couche de Protection
Chaque surface exposée aux intempéries devra être protégée de manière satisfaisante afin d'éviter l'altération du matériau : une couche de vernis sur le bois, un peu d'antirouille sur la ferraille, et pour votre âme, une crème de jour ne suffira malheureusement pas. Il vous faudra un apprêt d'hypocrisie, une sous couche de philosophie, et un vernis de laisser aller, à moins que vous ne préfériez ne pas vous exposer aux intempéries...
24 mars 2012
L'Enfant Roi
Un peintre peignait si bien les fruits que les oiseaux s'y trompaient et venaient picorer la toile. Peut-être est-ce pour venger le premier, qu'un peintre présente ainsi un enfant à face de lune, prêt à chasser d'un coup de verge le perroquet confiant...
12 mars 2012
De Sanglants Lendemains
Trancher dans le vif, un sillon ensanglanté, un rêve qui aurait davantage la teinte d'un cauchemar, la grenade peut encore exploser, déchiqueter les chairs et répandre le désespoir parmi les rescapés.
3 mars 2012
La Capucine
Dans les vieux bistrots, on croise les équipages bizarres des perdus de la vie qui trouvent en l'animal de compagnie, le seul interlocuteur fiable et fidèle pour commenter les nouvelles du canard du matin. La bête s'appelle Capucine, et le panier en tissu est une copie à 29,90 à la placette.
22 févr. 2012
La Routine
On dit que dans les EMS la durée de séjour moyen est de dix huit mois. Alors les photos changent souvent et bon courage.
9 févr. 2012
Le Poids du Gel
Prendre garde à la ligne de flottaison, c'est sous la surface que s'installent les plus pesants des fardeaux. Finalement l'animal se retrouve le ventre à l'air en pitoyable posture pour avoir trop longtemps négligé ce qui lui faisait froid dans le dos.
27 janv. 2012
10 déc. 2011
L'Instinct du Bricoleur
Il paraît que Léonard de Vinci passait d'avantage d'heures à chercher la composition de ses vernis qu'à réaliser ses oeuvres. Peut-être était-ce là où résidait son réel génie.
2 déc. 2011
Le Veilleur de Nuit
Comme les oiseaux de nuit, j'aimerais voir ce qu'il se passe quand la plupart d'entre nous n'y voit plus rien. Comme les oiseaux de nuit, je voudrais être un prédateur omniscient dans un univers hostile. Comme les oiseaux de nuit, j'aimerais que mon chant rappelle à ceux qui l'entendent mon pouvoir invisible. Alors comme les oiseaux de nuit, je ne craindrais plus que mon image soit effacée de l'espace de vos jours. Mais je suis un animal à sang froid et je ne suis pas un prédateur. Mais je suis un animal sans refuge pour cacher ses faiblesses.
27 nov. 2011
L'Eté se meurt
Jolis symptômes de putréfaction trouvés au jardin. Finalement, quelque chose qui ressemble à une autre saison, se dessine. Ce matin, le brouillard sublimait le lit de la Drize et les champs alentours.
24 nov. 2011
Le Temps qui passe 3
L'album Unplugged in New York est associé à ce visage. Je me souviens d'une nuit où ce disque a tourné en boucle jusqu'au petit matin. Je dormais et tu fumais un peu plus loin, pris par tes pensées. Un demi-sommeil, avec cette musique, la lampe de chevet jetant un vague halo de lumière, je ne me souviens pas du livre que tu lisais.
16 nov. 2011
Le Temps passe 2
Parfois l'équilibre d'un projet se réduit à quelques intuitions. L'intuition ne suffit pas à elle seule. Ensuite, il faut du travail, des collaborateurs proches et volontaires. Parfois, il faut de l'instinct et de la chance.
9 nov. 2011
Le Temps passe
A l'époque, elle l'avait quitté, mais ne pouvait s'y résoudre. Elle finit par le faire, après un mariage et deux enfants. Aujourd'hui, je cherche parfois à savoir ce qu'elle devient. De loin en loin. Sur l'écran noir de mes nuits blanches, google est un piètre allié.
2 nov. 2011
25 oct. 2011
Le Piquant de la Chose
Ce rouge piment cultivé en ville de Lausanne prouve que la Suisse est capable de réserver quelques surprises.
22 oct. 2011
Le rectangle bleu
Le rectangle bleu est devenu carré jaune, la guitare de maman est difficile à accorder, la vierge trône sur la photo du vingtième siècle, le chardon bleu sèche dans un soliflore, la plainte est mal fixée, une cascade de feuilles tombe du ciel.
7 oct. 2011
La Spirale
On connaît la spirale de l'endettement... mais l'à c'est juste un courant d'air froid qui me saisit, tournoyant et virevoltant... L'automne peut-être... Espérons cependant que ce ne soit pas déjà l'hiver.
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