26 avr. 2010

La Consigne

Il doit y avoir des personnes préposées à l'ouverture des consignes automatiques abandonnées. Ils trouvent les objets oubliés, tentent de déterminer leurs propriétaires. Et tout à coup, ces petits riens remontent à la surface.

23 avr. 2010

La Rançon de la Gloire

Lou Reed a des fans acharnés qui l'attendent des heures, privilégiant une griffe sur un album à un moment passé en sa compagnie. Le grigou est tant aimé qu'il en finit par traiter la réalité avec négligence. Il prend ses contemporains en otage de son succès. Dès lors, tous se plient à ses exigences, tous subissent ses petites humiliations.
Ils sont là pour le voir, ce rapace au cuir noir qui impose son tempo et choisit ses victimes un diet coca en main. Ils sont là pour se plaindre de ses caprices tout en lui vouant un culte sincère, espérant vaniteux, aller au delà de la carapace.
Il a pris le temps d'être là et tenu ses promesses. Qu'importe les aléas, chacun en gardera un souvenir enjolivé, comme le fan, hébété, une signature sur son fétiche 33 tours.

3 avr. 2010

Le Biolay

Il s'installe dans une salle improbable avec son décors de kermesse. La poignée de musiciens qui l'accompagne, observe sa nervosité de lion en cage. Il ne se fixe guère, il ne nous dévisage pas longtemps, il ne s'attarde pas. Il aligne les morceaux comme si on l'avait forcé à venir là, par un jour de pluie; comme si on l'avait forcé à venir tout court.
S'il sait faire de la musique, il a encore du mal à l'incarner. Le costume est-il trop grand ? Quand enfin il lâche un peu les chiens, quand il arrête de jouer les enfants sages, quand il s'essaye à oublier l'absolu désagrément de cette rencontre avec un public dont il ne désire rien savoir, alors entrevoit-il un possible plaisir, celui de désagréger sa propre musique avec une certaine rage. Alors, atteint-il un semblant de satisfaction, pour lui-même, et à son grand désarroi, cette ultime élan d'oubli de soi parvient enfin à créer un soupçon d'émotion dans ce lieu de rien, entre lui et nous.