3 avr. 2010

Le Biolay

Il s'installe dans une salle improbable avec son décors de kermesse. La poignée de musiciens qui l'accompagne, observe sa nervosité de lion en cage. Il ne se fixe guère, il ne nous dévisage pas longtemps, il ne s'attarde pas. Il aligne les morceaux comme si on l'avait forcé à venir là, par un jour de pluie; comme si on l'avait forcé à venir tout court.
S'il sait faire de la musique, il a encore du mal à l'incarner. Le costume est-il trop grand ? Quand enfin il lâche un peu les chiens, quand il arrête de jouer les enfants sages, quand il s'essaye à oublier l'absolu désagrément de cette rencontre avec un public dont il ne désire rien savoir, alors entrevoit-il un possible plaisir, celui de désagréger sa propre musique avec une certaine rage. Alors, atteint-il un semblant de satisfaction, pour lui-même, et à son grand désarroi, cette ultime élan d'oubli de soi parvient enfin à créer un soupçon d'émotion dans ce lieu de rien, entre lui et nous.

Aucun commentaire: