8 août 2012

Sous la Basilique

Ils se retrouvent un jour d'été sous la basilique, torses nus, entre amis, avec quelques bières. Viennent ceux qui n'ont pas oublié, ceux qui ont trop chaud dans leur appartement, ceux qui ne supportent plus que leur mère les envoie chercher du travail. Viennent ceux qui ont vingt ans, vingt-cinq ans tout au plus. Après il doit se passer quelque chose et on ne passe plus l'été ainsi. Viennent ceux qui se fichent de Dieu et de l'économie du monde. Viennent ceux qui marchent les pieds nus et qui traversent doucement les étendues de pelouse brûlée pour approcher ceux qui vont, pressés, sur les allées goudronnées. Ils leur demandent une cigarette. Mais ils ne mendient pas. Ils possèdent ce qu'ils possèdent, pas grand chose, mais ils n'ont pas faim. Ils ont un toit, ils ont une mère qui quoiqu'ils fassent de leurs après midi, prépare un repas dans l'appartement étouffant de chaleur. Ils ont un lit où s'effondre la nuit, la vie qu'ils peinent tant à s'imaginer.  Alors sous la basilique, ils reprennent chaque jour l'impossible débat. Les autres sont venus aussi, ceux qui n'ont pas oublié, ceux qui ont trop chaud dans leur appartement, ceux qui ne supportent plus que leur mère les envoie chercher du travail, ceux qui ont vingt ans, vingt-cinq ans tout plus. Après, il doit se passer quelque chose, mais ils ne savent pas quoi, ni comment cela se produit. Alors en d'intarissables échanges, ils refont chaque jour, le roman du présent et d'un avenir dont ils ne savent rien. Et si tout à coup, l'angoisse les envahit et que le silence se fait, un autre finit par arriver et relance la roue des possibles lendemains. Sous la Basilique San Lorenzo, à Milan, un après midi poisseux du mois d'août 2012.

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