7 août 2010

La Décrue

Quand un cours d'eau entame sa décrue, on peut enfin estimer l'ampleur des dommages.
Si le niveau de l'eau demeure élevé, il faut envisager d'autres explications. Je voudrais être mon propre corbeau.

4 août 2010

La Sécheresse

La Grande Russie brûle de mille feux, cette fois Staline n'y est pour rien et Poutine n'y peut rien. Dans la vitrine d'un bar tabac de Bourgogne, rencontre avec ces figurines improbables rendant un vibrant hommage aux soldats du feu. Manque seulement la version fontaine de salon, avec le jet d'eau jaillissant de la lance incendie.

25 juil. 2010

Les contreforts


Et si cet enchevêtrement de racines retenait le monde aux abords du fleuve, l'arbre évitant l'effritement de la berge, l'écroulement des rives, la disparition des terres.

21 juil. 2010

Le Vernis à Ongles

Le vernis à ongles est un produit cosmétique destiné à embellir, à protéger ou à masquer certains défauts des ongles. La richesse se masque quand passe la pauvreté devant une horloge fleurie en hommage à la biodiversité.

18 juil. 2010

Les lignes de démarcation

Du sol, la complexité des desseins est parfois dure à percevoir. Cet enchevêtrement de lignes qui dirige nos pas, nos roues, nos rêves. Frontière, double ligne blanche, pointillés, une voie pour chacun, c'est ce qu'ils promettent, en tout cas si on choisit d'emprunter les grandes avenues.

16 juil. 2010

Le jardinier des souvenirs

Voilà 16 ans, un tournage au Mexique, dans une maison de maître en état de délabrement. La propriétaire fantasque avait depuis longtemps mis en vente son bien d'exception. Mais l'affaire ne se faisait pas. Sans doute une période de crise, comme il en arrive parfois.

Alors la propriétaire accepta la venue d'une équipe de film en échange d'une modeste location, histoire de mettre un peu de beurre dans les épinards... Désoeuvré, le jardinier qui régnait normalement en maître sur ce bien d'exception, dut apprendre à supporter les étranges envahisseurs.

Cette photo montre le jardinier dépressif dans l'impossibilité d'envisager une noyade.

Depuis longtemps, la piscine était percée...

12 juil. 2010

Les Klaxons espagnols


A l'heure du coup d'envoi, un commentateur maladroit rappelait que la Hollande connait généralement le complexe de la défaite en phase finale.... Trois ou quatre heures plus tard... l'ennui du match étant oublié, on subit les fanfaronnades espagnoles... Klaxons ouverts, klaxons déchaînés... Puisse votre joie se répandre jusqu'à nos pieds, puisque de toute évidence, nos oreilles sont déjà conquises...

10 juil. 2010

L'inévitable orage

Il est agréable de se baigner tandis que les éclairs cinglent les alentours de leurs promesses de fraîcheur retrouvée. La ville n'est pas faite pour les grosses chaleurs. Quand celles-ci surviennent, les rues semblent dans l'attente d'un orage, d'une bonne douche tropicale. La dernière ondée remonte au 3 juillet, 19h15. Depuis la température n'a fait que monter.
A l'heure de la lake parade, ils sont tous là, échauffés par la bière et par l'opportunité vulgaire de pouvoir se travestir. Heureux soient-ils derrière leurs camions et qu'une violente averse vienne impitoyablement laver le pavé.


6 juil. 2010

La Torpeur Nocturne

Dans mes rêves, la même serinante musique du passé, une pièce déjà jouée.
Dans mes rêves, ton visage toujours paraît, ritournelle sans paillette.
Dans mes rêves, la raison l'emporte, s'effacent les bruits des sabots.
Et le soleil toujours se lève. Toujours je me réveille.

Le cercle de craie caucasien, belle énergie dans ce spectacle qui se perpétue de génération en génération.


3 juil. 2010

Poésie de Juillet


Célébrons en fanfare l'arrivée des grosses chaleurs,
ne cédons pas aux climatiseurs et profitons de cette torpeur.

Soleil brille, Soleil brille,
réchauffe le lac et les anguilles.

Plouf, te voilà rafraîchi, Plouf, quelle est douce la vie.

Profite, ma non troppo,
fais gaffe au cancer de la peau !

22 juin 2010

Les Couleurs de l'Eté

Je suis tes jambes nues comme une inconscience. Il fait si froid et ma veste est trempée de la dernière averse. Je ne te connais pas. Tu sors d'un théâtre. Tu viens de voir ou de jouer une pièce. D'autres acteurs t'entourent. Il y a sur ta robe cette impression d'été, cette arrogance du blanc, cette beauté d'un perroquet brodé de ses milles couleurs. Tu coures vers la gare. Je vous suis sous la pluie. Parfois tu te retournes, il fait nuit, ce n'est pas agréable d'être suivie. Je suis ton oiseau de paradis, je suis votre inconscience, je suis entré dans l'âge des fantômes.

19 juin 2010

Les Plages en Automne

Sur les plages en automne, il n'y a personne, mais les arbres ne sont pas aussi verts.
Sur les plages en automne, on éprouve la nostalgie de l'été, mais c'est parce que l'été est derrière nous...
Sur les plages en automne, les canetons sont devenus grands et les couples de colverts ne paradent plus.

Avec un lac à 12 degrés, l'automne est en juin cette année. Le Jura ne se débarrasse pas de son écharpe de nuage. Les canards se réchauffent les palmes sur les pelouses. Les averses douchent la témérité d'un groupe de nageurs. Le restaurant ne déplie pas ses parasols.

Sur les plages en été, il y a un avant goût d'automne cette année.


13 juin 2010

La Poubelle patriote

Dans les rues de la cité de Calvin, les déchets seront chauvins durant cette période de célébration footbalistique. Même la merde a le droit d'encourager les footballeurs. Bravo et merci, hop suisse, hop suisse ! Nationalisme, propreté et sport, un cocktail de choix. Le jour où l'équipe perdra, penser à suivre les éboueurs qui jetteront pêle mêle dans leur camion benne les relents douteux de cet acte fédérateur. Hop Suisse, Hop Suisse...

6 juin 2010

La Délicatesse des Finitions

Une mécanique de précision, un merveilleux assemblage d'atomes, une miniaturisation parfaite, toujours cette délicate surprise de la première rencontre, quand on admire ce tout petit génie fabriqué à l'abris de nos regards mais livrés avec toutes les options, y compris la capacité de nous attendrir.

30 mai 2010

L'Etreinte du Léopard

Le léopard mâle pèse de 40 à 90 kilos à l'age adulte, il vit caché. C'est silencieusement qu'il approche ses victimes, n'attaquant que lorsqu'il peut les atteindre d'un bond. Il plante alors ses crocs dans leur gorge, tuant ainsi instantanément. Afin de préserver ses proies des charognards, il prend soin de les protéger à l'abris de touffus taillis, ou les emmène dans les arbres. Certains disent qu'il est capable de monter un girafon dans un acacias... Allez savoir si c'est vrai... Ici on parle de légendes urbaines, dans la savane où vit le léopard, on a sans doute un tout autre rapport aux prédateurs qui nous entourent.

29 mai 2010

Le Vis à Vis

La patine d'une façade, un volet qui claque, peu d'envergure, juste ça pour aujourd'hui.

26 mai 2010

Le Vide-Grenier

Appelez-moi brocante, vide-grenier ou bon débarras, mais ces rassemblements sont sans doute aujourd'hui les manifestations les plus ferventes de la cité. Allons donc, voyez tous ces fidèles crédules espérant que de leurs trop pleins nous saurons nous amouracher. Appréciez leurs vieux jouets dont les couleurs ont passé, leurs vieilleries rassemblées à la va vite et transportées non sans peine sur ce lieu de culte populaire. Pèlerinage ultime, expiation consumériste, chapelles d'incongruités, nous voilà fidèles jusqu'à la lie, prêt à défaillir devant cet étalage improbable. Chaque marchand est un évangéliste fraîchement convaincu qui prétend nous convertir, prêt à vanter sans rougir la délicatesse de ces bibelots auxquels il ne croit plus. Partageons nos misères avant qu'un plus malin ne vendent nos propres biens à ces enchères du désespoir.

23 mai 2010

La Fin de Lavie

A Lausanne, un fleuriste expose sur le trottoir les couronnes mortuaires du jour, c'est assez peu commun de voir ainsi au coeur de la ville, loin de tout cimetière, une série de rappel de notre fin prochaine. L'ironie du sort a voulu que ce jour là, on rendit un sincère hommage à Lavie, Pierre de son prénom. Pivoine, hortensia, pas de rose, un ruban bleu sans mention du donateur.
A partir de ce nom, petite recherche sur internet pour essayer de donner un peu de relief à ce personnage. On trouve un Pierre Lavie dans l'annuaire domicilié rue du Simplon, peut-être aimait-il les trains... On trouve un Pierre Lavie dans le registre du commerce, ancien directeur d'une agence d'investissement. On trouve un Pierre Lavie, vétérinaire, spécialiste de la vache folle, mais c'est loin d'ici, en France. On trouve un arbre généalogique qui signale l'arrivée de Jacques de Lavie à Vevey en 1700, un protestant languedocien venu se réfugier en Suisse. On trouve une contribution universitaire de Pierre Lavie à propos de la caryosystématique des vitacées, un spécialiste des chromosomes et de la vigne... On trouve enfin, l'origine de ce nom. Lavie viendrait du latin "de la via", référence au chemin et non à l'étendue de notre existence.

20 mai 2010

Les indices de Saison

Puisqu'on ne peut plus se fier aux rayons des primeurs pour repérer les époques de l'année, puisque tout le monde nous dit que le climat est fou et que l'hiver vient en été, puisqu'on ne sait pas de quoi demain sera fait, un indice aussi dérisoire qu'une coccinelle laisse espérer que les beaux jours sont de retour.

16 mai 2010

Les Scorpions

Klaus Meine promène ses 62 ans sur la scène. Le scorpion n'effraye personne par ce froid et à cette altitude. On sait bien que ces animaux là sont venimeux sous les tropiques, rarement sur les coteaux du jura. Fin d'une immersion bien agréable, malgré la boue, la bise noire et certains groupe de heavy metal.

11 mai 2010

La Belle Laitière

La douce lumière du jour au coeur d'une étable. Succomber encore une fois à l'exotisme d'un regard qu'on ne croise pas au quotidien, surtout quand on évite les transports en commun.

Pour information, la bête bénéficie d'une chambre avec fenêtre, car elle devrait bientôt être portante, il faut donc la tarir. C'est tout pour aujourd'hui.

10 mai 2010

Le tracteur vert

Juste pour sortir un peu de la routine, l'exotisme du canton de vaud...
Emboué jusqu'aux genoux en attendant Scorpion.

3 mai 2010

La Descente

Un bref hommage à l'homme au chapeau qui porte des moufles par cette chaude journée de printemps. Il faut emprunter les itinéraires inédits, éviter les routines comportementales. Banlieue industrieuse, voie tendue, brillante au soleil, attente d'un rer.

26 avr. 2010

La Consigne

Il doit y avoir des personnes préposées à l'ouverture des consignes automatiques abandonnées. Ils trouvent les objets oubliés, tentent de déterminer leurs propriétaires. Et tout à coup, ces petits riens remontent à la surface.

23 avr. 2010

La Rançon de la Gloire

Lou Reed a des fans acharnés qui l'attendent des heures, privilégiant une griffe sur un album à un moment passé en sa compagnie. Le grigou est tant aimé qu'il en finit par traiter la réalité avec négligence. Il prend ses contemporains en otage de son succès. Dès lors, tous se plient à ses exigences, tous subissent ses petites humiliations.
Ils sont là pour le voir, ce rapace au cuir noir qui impose son tempo et choisit ses victimes un diet coca en main. Ils sont là pour se plaindre de ses caprices tout en lui vouant un culte sincère, espérant vaniteux, aller au delà de la carapace.
Il a pris le temps d'être là et tenu ses promesses. Qu'importe les aléas, chacun en gardera un souvenir enjolivé, comme le fan, hébété, une signature sur son fétiche 33 tours.

3 avr. 2010

Le Biolay

Il s'installe dans une salle improbable avec son décors de kermesse. La poignée de musiciens qui l'accompagne, observe sa nervosité de lion en cage. Il ne se fixe guère, il ne nous dévisage pas longtemps, il ne s'attarde pas. Il aligne les morceaux comme si on l'avait forcé à venir là, par un jour de pluie; comme si on l'avait forcé à venir tout court.
S'il sait faire de la musique, il a encore du mal à l'incarner. Le costume est-il trop grand ? Quand enfin il lâche un peu les chiens, quand il arrête de jouer les enfants sages, quand il s'essaye à oublier l'absolu désagrément de cette rencontre avec un public dont il ne désire rien savoir, alors entrevoit-il un possible plaisir, celui de désagréger sa propre musique avec une certaine rage. Alors, atteint-il un semblant de satisfaction, pour lui-même, et à son grand désarroi, cette ultime élan d'oubli de soi parvient enfin à créer un soupçon d'émotion dans ce lieu de rien, entre lui et nous.

30 mars 2010

L'Horreur

Il y en aura donc toujours un qui cèdera à l'envie de raconter des choses terrifiantes. Le grand guignol quotidien ne manque pourtant pas de piment. Nuit d'hôtel helvétique au Prussien, chaîne locale sans doute, zombies à gogo.

25 mars 2010

Le Minaret

La taille du slogan importe peu... L'idée se répand...
Enfin non... Pas vraiment...
Ce doit être là un vestige d'antan...
Le vote est digéré, plus personne ne pense aux Minarets...
Le printemps revient...
Vive le printemps...
A l'ombre des minarets qu'on aime tant...


21 mars 2010

Le sourire

Garde le sourire petit poisson. J'ignore combien de dents compte ta mâchoire, j'ignore combien de temps j'éviterai tes morsures. Il y a toujours un peu de cette horreur entre nous. Je sais que tes joues seront délicieuses à déguster. Je sais que je te défigurerai pour te manger. Alors garde le sourire petit poisson, que nous ayons tout deux, l'impression d'apprécier ce moment.

18 mars 2010

Le désordre


Au fur et à mesure, on apprend qu'il n'existe pas d'autorité supérieure capable d'expliquer les choses de la vie. On doit se confronter, se perdre, se mettre en péril. Apparemment autrefois, il existait des sagesses supérieures, la religion, l'armée, la famille, dieu sait quoi d'autre...

Peut être faut-il se méfier du réel, croire aux rêves... On ne grave plus rien, on n'illustre plus rien. Plus rien ne mérite d'être dessiné. Le réel est aujourd'hui en mouvement. C'est sans doute ce qui le conduit à changer si souvent.

Plus nous représentons le monde en mouvement, plus nous l'amenons à accélérer ses mues.

7 mars 2010

Le Bout du Bec

Carmin, vermillon, cochenille, les pigments rouges au bout du bec, il va sur le plan d'eau fuyant l'hiver, l'étrange canard rouquin.

27 févr. 2010

Tailleur pour dame

French manucure avec de petits os incrustés dans le verni. Ne t'étonnes pas si ton meilleur ami te grignote les doigts sur ton lit de mort.

18 févr. 2010

Le partage de la saleté

Retour à la réalité, cinq francs les sept kilos de linge sale. Quarante minute de mouillage, rinçage, essorage. Veuillez vider votre machine dès la fin du cycle de lavage. Transport de linge humide rue de Berne, sous le nez des amateurs de petites culottes. Retour à la maison pour l'exercice de l'étendage. Trouver, emmêlé dans la fibre d'un pull, un noeud de cheveux blonds, longs et rugueux. Pour cinq francs, mélangez vos fluides, vos textiles, mélangez vos vies, partagez vos misères.

9 févr. 2010

Le Brouillard des Malveillants

Le stratus ne se franchit pas toujours, même au coeur de l'hiver. Qui est malveillant ? Celui qui pousse la bête hors du lieu public pour qu'elle y meurt en assumant sa faiblesse ? Celui qui est la bête et qui ne renonce pas à ses terribles penchants ? D'une société esclavagiste nous sommes passés à une société esclavagiste, mais aujourd'hui les esclaves assument eux même leur statut. Ils sont libre penseurs de leur dépendance. Ils sont échoués sur les trottoirs, derrière les vitrines. Ils sont sujet au cancer du poumon, à la gastro ou à la grippe saisonnière. Nous ferons tout pour les tuer, tout pour les désigner comme inconvenants. Ainsi les voilà en vitrine de notre confort tempéré, derrière leur nuage, tentant d'empoisonner l'air extérieur dans l'espoir que leur poison nous atteigne enfin, jusqu'à mourir ensemble.

1 févr. 2010

L'espace d'un instant

Prendre la température une dernière fois. S'imprégner de cette étrange humeur.
Se souvenir des odeurs, des visages, des bonheurs et des dérives. Il y a des espaces qui permettent la dérive. Des espaces qui invitent au rêve. L'espace d'un instant.

25 janv. 2010

Fin d'époque


Echouées sur le rivage, les épaves esseulées attendent que fondent les illusions des années passées. Le jour où la douceur revenue ôtera cette pellicule de neige, le squelette perdra sa beauté. Ne pas se perdre dans la comédie des atours.

14 janv. 2010

Le rivière des morts

Il y a le passeur qui nous mène de vie à trépas.
Dans l'esprit des anciens, il possède une barque.
Mais tout se modernise.
Aujourd'hui, on flotte au dessus du fleuve pour rejoindre les mêmes territoires.
Curieusement en chemin, on croise la barque vide de celui qui expirât voilà peu...


25 déc. 2009

Le Prophète

Un cochon de lait peut nourrir douze personnes et ce, après seulement 12 semaines de vie.
Un messie devient aussi comestible à la longue, mais le temps d'élevage dure, dure, dure. Ceci est mon corps... livré pour vous... et pour la multitude... Joyeux Noël.

21 déc. 2009

La Patinoire


Paraissent sur les routes les atours dramatiques des jours de verglas. Plus loin, une tombée de pare-brise au pied d'un tronc, un rond point démonté par un véhicule ayant de toute évidence refusé de tourner, un ambulancier les quatre fers en l'air.

14 déc. 2009

Les Dépendances

A force de passer là, on ne voit plus rien de ce que l'on devrait percevoir.
A force de vivre, on cultive d'étranges dépendances aux habitudes, fleurs de lassitude peut être.
A force de marcher tête basse, on est rendu de guerre lasse, expression qui signifie cependant que l'on a exercé une longue résistance.
Alors à partir de quel moment ne résiste-t-on plus à l'effacement de ce que l'on voit chaque jour ?

7 déc. 2009

L'Enfer ou le Paradis

Réalisé sans trucage et sans arrière pensées :Pont du Mont Blanc, Genève, le 30 novembre 2009.
Au même moment, dans mon dos, un arc en ciel reliait les deux rives du petit lac, à croire que la météo avait choisi d'opposer ce jour là, le feu des enfers et l'angélisme béat des élans paradisiaques.
Une deuxième image vaut mieux qu'un long discours.

Comme tous les bienheureux crédules, je me suis précipité afin de dénicher l'endroit où l'arc en ciel trouvait son origine... Evidemment le phénomène s'était effacé avant que je ne parvienne à localiser le pot d'or. Seule demeure cette photo... De toute évidence, il faudrait creuser... disons... sous l'OMC... Amusant...

2 déc. 2009

La Fontaine des Fées


Certains rêvent de jardins féériques, on se demande à quoi bon, pourtant voilà un espace au coeur de Genève qui nous conduit au delà, au delà des sombres réalités.
Si nous sommes capables de conjuguer lumière et imaginaire, les forces de l'ombre seront peut être moins féroces.
Plus loin, un arbre est couvert de corps de parachutistes dorés, pendus à leurs voiles.
Vision politique morbide contre vision onirique, quel est le meilleur vecteur pour lutter contre l'obscurantisme ?

29 nov. 2009

Les Graines d'Images

Au pied d'un arbre coupé, jetez négligemment quelques graines d'images dans l'espoir de voir pousser de nouveaux rêves. Essayez d'éviter les clichés exotiques qui poussent mal sous nos latitudes. Préférez les horizons dégagés, les couleurs bien tranchées. Sont aussi acceptées les copies de tableau pour un arbre musée révélant au fil des saisons l'histoire de l'art.
En ville pourtant, inutile de trop espérer, seules quelques graines germeront et leurs chances de devenir arbre seront minces. Il est donc conseillé de planter les graines d'images au coeur des forêts en des endroits cachés où seuls vous saurez les retrouver.

22 nov. 2009

Le Nouvel Edimbourg

Bien loin de la vieille enfumée, en novembre, Genève joue à la nuit tombée avec des jupons de brouillard. Sous ceux-ci, se cachent toujours les mêmes petites misères, mais la densité de ce rideau de gouttes atténue l'invraisemblance de nos existences.

19 nov. 2009

La mémoire

Logiciel intelligent qui prétend reconnaître vos proches, déceler les visages, débusquer les sourires. Logiciel intégré vous invitant à nommer vos plus doux souvenirs, à donner une localisation géographique aux images oubliées. Logiciel astucieux qui classe, ordonne, défriche votre propre histoire; ordonner c'est déjà donner du sens. Logiciel indiscret qui déterre, confronte, juxtapose et provoque des abus de mémoire. Logiciel imparfait qui confond, mélange et finit par avouer qu'il ignore jusqu'aux prénoms des saints. Juste un logiciel.

17 nov. 2009

Miroir déformant

Eté de la Saint Martin, il y a encore des terrasses et des oiseaux pour y prendre le café. Le soleil donne. Les corneilles convoitent le sandwich que je mange au parc. Tout est incertain sous le regard des oiseaux noirs.

Bel été de Saint Martin, présage un hiver certain.

Les vieux adages rassurent. Mon ombre s'allonge. L'appareil photo dérange la perspective.
Tout est ainsi pour l'heure. Je m'accroche aux croyances ancestrales, je crains les ombres et les corneilles, je fais confiance au soleil et tout se mue en une réalité dont j'ignore la réalité.

Le fruit d'un paradoxe optique...


8 nov. 2009

Bleu pétrole

Sur le canal de l'automne, les colverts sillonnent entre les feuilles. Certains matins, des tombées jaunes dorées changent les trottoirs en patinoires colorées, l'inconvénient tient au risque de chute, car à l'oeil, l'essai est très probant.
J'attends les vacances avec impatience, en même temps, je ne veux pas hâter le pas. Il ne faut pas se précipiter vers la mort.

1 nov. 2009

Sans heure


L'église de mon village natal a des problèmes de temps. Les aiguilles galopantes ont dû être retirées, en attendant que le mécanisme soit réparé. La vision est étonnante, comme si le coeur du village avait perdu la raison, sa raison d'être. Pensée inquiétante, si l'on considère que bien des paroissiens se trouvèrent malmenés au point de perdre le sens du temps quand l'horloge du clocher se mit à indiquer une heure improbable. Il vaut donc mieux supprimer l'heure plutôt que de la laisser s'inventer toute seule.