29 août 2008

Sous le Fauteuil



Ce n'est pas parce qu'ils ne sont plus là que les chats ne se rappellent pas quotidiennement à votre bon souvenir. Vous balayez, vous aspirez, vous lavez et relavez appartement et vêtements, mais l'espace regorge de poils dissimulés dans d'invisibles interstices. Ces poils sont capables de resurgir à tout moment quand votre mémoire s'efforce d'oublier pour supporter l'absence.

Des jouets égarés qui se coincent dans le tube de l'aspirateur, un fond de croquette qui traîne dans l'armoire, les détails infimes tiennent lieu de preuves accablantes quand votre univers entier régurgite des poils qui polluent et poissent le présent, des poils qui s'agglutinent en boule derrière une porte ou se collent encore aux vestes sombres et vous accompagnent dans la rue, dans la vie.

Bien sûr vous pouvez espérer que ces pollutions diminueront avec le temps, mais alors ce seront les cicatrices de griffures qui vous rappelleront l'animal. Ces cicatrices qui ne s'effaceront jamais et vous accompagneront en tout lieu. Il faudrait perdre la vue pour ne plus les voir. Mais même aveugle, vos doigts parviendraient à les localiser à la surface de la peau. Dans cette cartographie tactile de vous même, vous finiriez par vous souvenir des moments partagés avec l'animal et la douleur serait à nouveau présente, à nouveau sévère.

D'une certaine manière, aveugle vous l'êtes déjà, aveugle et laid. Et dans ce nouvel état d'être, la beauté vous est devenue insupportable, car vous avez fini par percevoir avec une insolente sagacité que votre laideur vous rend toute beauté inaccessible. Et votre laideur tient à ces poils de chat que tout le monde remarque sur le revers de la veste, mais dont personne n'ose parler tant ils les dégoûtent.

Donc le seul moyen de vous en sortir, c'est de vous inventer une nouvelle vie, une nouvelle peau.

La Rentrée des pachydermes


Sans poésie aucune, rappelons que Pachyderme vient du grec Pakhus Derma = Epaisse Peau.
Et quand on voit la vie que l'homme moderne doit mener, nous lui souhaitons d'avoir sur le dos le même cuir que l'éléphant.

27 août 2008

La rentrée des impudiques


C'est définitivement la rentrée, la preuve, en ville, les bases du chapiteau sont jetées face au vent et nous traverserons bientôt la plaine dans l'odeur des crottins d'éléphants et du cuir des écuries.

Mais revenons deux jours en arrière, lundi, jour de la rentrée. L'élevage label rouge du collège Calvin fut très vite relâché en troupes piaillantes sur les terrasses de la vieille ville. Ils avaient en main un emploi du temps et une liste de profs, mais qu'importe ces détails, ils étaient excités comme des puces à se retrouver, à se bécoter, comme si l'été avait été la plus douloureuse des séparations. Enfin...

Dans tout élevage label rouge, on trouve les bons enfants, ceux qui ont pris le soin de s'habiller à la hauteur de leur rang pour ce premier jour de classe, ce qui n'empêche pas de délicieuses anomalies. Il y a la jeune fille en mini short noir qui porte sur le dos une improbable veste en fausse fourrure de lapin, elle n'a qu'un sac à main en guise de cartable et rit aussi fort que possible. Il y a un garçon avec un foulard palestinien autour du cou, il montre qu'il a passé l'été à penser, à lutter mais qu'il finira avocat comme papa. Il y a trois panamas posés sur des têtes blondes, de la fine paille pour montrer qu'on garde un peu la tête en vacances, mais bon trois, c'est déjà une tendance mort née... dès demain, oublié le couvre chef. Les garçons jouent d'avantage la carte du passe partout, il y en a tout de même deux en blaser, qui cherchent l'étiquette dandy, le cheveux long plaqué en arrière à force de gel studio line tendance béton. Il y a beaucoup de fumeurs, de fumeuses, de fou rire.

Face à moi, il y a cette fille qui parle de sexe en buvant une bière. Malgré moi je suis aux premières loges de ses révélations intimes. Elle dit "Depuis que je l'ai quitté, ça me fait trop bizarre, parce qu'on le faisait presque une fois par jour et maintenant rien..." Oui, je reconnais que ça fait trop bizarre... A 17 ans, elle a déjà compris l'un des adages les plus douloureux de la vie de couple... Quand on est maqué, on fait l'amour sans y penser, et quand on est célibataire, on ne pense plus qu'à faire l'amour.

La petite en peau de lapin revient du kiosque, elle a loupé les plus croustillantes révélations sur le plaisir, mais exhibe le cosmopolitan qu'elle vient d'acheter. C'est l'hystérie ! On va pouvoir encore pendant des heures comparer bronzage et taille des seins, tout en mangeant des fraises haribo.

L'élevage label rouge est mûr pour une nouvelle année, toutes belles et sveltes. Après une dernière vérification, c'est sûr, pas d'obèse en vue, par contre de toute évidence il y a deux anorexiques... Youpi, je me demande si les profs des écoles label rouge passent en revue leurs troupes avec la même clairvoyance, ou s'ils sont juste habitués à la clientèle qui leur tombe dessus...

24 août 2008

Tabouret jaune


Ils cherchent toujours à vivre à coup de superlatif. Mais le tabouret jaune de la cuisine se fout des superlatifs.

21 août 2008

Attrapé


Les vendeurs d'attrape mouches adhésifs ont compris que les mouches aiment bien se poser pour discuter un moment. Les vaches aussi l'avaient compris, mais aucune n'est parvenu à inventer l'adhésif double face...
Dire que si l'on ne passait pas notre temps à couper les cornes des vaches, nous pourrions accrocher de chaque côté de leur tête des attrape mouches, boucle d'oreilles pratiques, qui permettraient à ces ruminantes de diminuer fortement leur colère...

Parce que si ce n'est la vache qui l'a inventé, d'où vient l'expression ruminer sa colère...

14 août 2008

Le coup de la panne


Quand s'annonce le game over juste par excès de travail, a-t-on le droit de faire le coup de la panne ?

Mais c'est un jeu de dupe, la machine sait bien qu'en s'arrêtant c'est à la solitude qu'elle se confronte.

Elle avancera donc jusqu'à l'usure pour ne pas sentir sa déchéance.

10 août 2008

Galaxie du néant


Parfois elle peut être triste comme une rivière de diamants.

Ce connard se fout de sa tristesse dès lors qu'il en est la cause.

Malgré ces richesses, ces perles sur le collier, elle ressent affreusement le poids de sa propre vacuité.

Elle ou Il, c'est un peu la même chose.

4 août 2008

L'ange gardien


Question du crédule : Génie de la cheminée, si je m'enfonce dans le brouillard, sauras-tu surgir du néant pour me montrer le bon chemin ?

Réponse du génie : Il va falloir le trouver seul mon gaillard...

Réponse du crédule (soudain incrédule) : C'est la dernière fois que j'époussette la cheminée...

3 août 2008

Nommer


Quand il convoite, embrasse ou étreint, il éprouve toujours le besoin de nommer, histoire de savoir ce dont il prend possession, histoire de ne pas avoir l'impression qu'il tient le vide dans ses bras.
Par extension, si son propre nom n'est jamais cité par l'être convoité, embrassé ou étreint, il comprend mais un peu tard, qu'il n'avait dans cette relation pas le plaisir d'exister.
Serait-il condamné à n'éprouver que des émotions anonymes ?

1 août 2008

Feu d'artifice



Jour de fête, jour de repos, trop de soleil la veille impose un temps de répit.

Boucan d'enfer


Sept voyages romands, sept festivals et là ce soir, le voyage s'arrête.
Bien content d'avoir atteint la station avant que ne s'arrête le ballet des cabines télé-phériques.