15 avr. 2009

Pixels

    Quand on rencontre quelqu'un pour la première fois, on devrait le voir de manière indéfinie, le voir comme l'ébauche d'un corps, d'un visage. 

Au contraire, souvent on focalise sur la vivacité d'un regard, la finesse d'un grain de beauté, la délicatesse d'un sourire. Je te désire :  donc TU ES. Tu es tel que je t'attends, tu es tel que je t'espère, même si tu demeures humainement flou et  vaguement perceptible physiquement. L'acuité de mon désir, ma curiosité parviennent néanmoins à te donner une enveloppe charnelle ou psychologique. Or celle-ci, bien souvent, n'est qu'un miroir aux alouettes.

C'est quand on apprend à connaître les gens que leur image s'affine, que la définition se précise. Selon une amie, c'est pour cela qu'on désire moins ceux qui nous ont rendu baba. Une fois que l'on parvient enfin à faire la mise au point, on oublie le détail qui a retenu notre attention et l'on découvre la bassesse d'une âme... Quel étrange paradoxe ! Là où nous attendons du temps un travail de consolidation, il nous offre une mise à nue sordide. Après plusieurs mois, plusieurs années, je ne te regarderai plus avec la même passion candide, et mon désir se sera buriné, flétri...
 
Toi, pixel, je n'ai pas envie de te connaître davantage, si c'est pour faire une fois de plus l'expérience de la perte.

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