30 oct. 2008

Sans Louis Feuillade

et pourtant... Précisons qu'un concours s'organise pour toi lecteur assidu... Si à l'issue de ce voyage en terra incognita, tu es le premier à me fournir la liste des films évoqués au gré de ces articles américains, alors tu remporteras le cadeau surprise... Ben oui, l'Amérique, c'est l'autre pays du cinéma... Après la Suisse of course... 

Donc passé cette précision, voilà les couleurs qui rythment l'horizon au bout des dunes du cap de la morue.

Pas Stone en tout cas...

En cette saison, les stations balnéaires de Cap Cod sont livrées à elles même. Les magasins soldent les stocks de t-shirt non écoulés pendant l'été. Certains cafés profitent de l'occasion pour redonner un coup de peinture sur le bar. Le soir, les saisonniers désoeuvrés se retrouvent dans les bars des habitués, un peu livides, ils subissent le post partum de la frénésie touristique. 

L'air de l'océan s'engouffre avec vigueur dans les rues désertes accentuant par sa violence l'impression de vide. Le long des plages, sa force semble encore décuplée. L'air est votre seul compagnon de balade, inutile d'espérer croiser quelqu'un. Le paysage, les dunes, la lande, la vue sont à vous seul et aussi un peu aux oiseaux de toute sorte qui volent dans le coin.

Ca commence à ressembler vraiment à des vacances. Sans les touristes. Et c'est tant mieux, ainsi les musées de rien ont fermé leurs portes et personne ne vous en veut de ne pas retourner sur les traces d'un président assassiné... 

29 oct. 2008

Sans Spencer Tracy

Sans l'aide du Capitaine Christopher Jones, euh pardon, du gentil chauffeur de bus de la compagnie Plymouth & Brockton, il est difficile de rallier le port historique où aborda le Mayflower en 1620. En effet, les compagnies de bus ont tendance à s'arrêter en périphérie, sur un parking à la sortie de l'autoroute avec un Macdonald et une station service. 
Parfois un taxi ou un mini bus vous attendent pour vous pousser plus loin, mais à Plymouth, aucune ressource. Il pleut et tous les autres pèlerins arrivant de Boston se glissent égoïstement dans leurs voitures. Voyant venir la nuit, le chauffeur au grand coeur me poussa donc en ville, et me déposa face à la plus ancienne rue civilisée du continent américain. 

28 oct. 2008

Ni Gus ni Phoenix


Ni Gus, ni Phoenix ne sont là pour nous accueillir à Portland. D'ailleurs, ce n'est pas le bon Portland... Mais les garçons de Portland Maine ressemblent un peu aux garçons de Portland Oregon, les mêmes chemises à carreaux, les mêmes dégaines, les mêmes absences. Mais Portland Maine est une toute petite ville fort calme et personne ne se voit dans un remake d'Henri V. Shakespeare n'est pas invité à manger du homard aux abords du port. 

Le soleil s'est caché derrière un voile de brouillard, un chalutier rentre sous la bruine, des pick up se garent sur le parking de l'hôtel, on annonce une tempête, une vague de froid et la neige. 

Il faudrait retourner à la gare routière et décider si l'on s'enfonce plus avant vers le nord, sachant que sans voiture l'aventure est rendue presque impossible dans ce pays où l'on ne conçoit guère de vivre sans voiture, dans ce pays où les hôtels abordables sont aux bords des routes, les motels, motor hôtel... Et tout le monde n'est pas prêt à vivre into the wild. Alors il serait peut être mieux de faire marche arrière et chercher une destination plus urbaine. Plus facile. Maudite carte de crédit qui ne remplit pas son rôle, et qui entrave un peu les mouvements de celui qui voyage loin de sa maison. 

Voilà... à suivre... 

27 oct. 2008

Sans les frères Naudet

Boston n'est pas New York et les frères Naudet sont loin... Dieu soit loué ! Ainsi aucun avion ne semble sur le point de s'encastrer où que ce soit. Cet instantané ne fera donc pas ma fortune, mais l'observation très banale d'un pompier américain profitant du soleil sur sa chaise en plastique a quelque chose de rassurant. Quelqu'un veille au grain et sera prêt quand adviendra le pire. Il sera prêt à montrer sa détermination, son courage, son sens du devoir.

En attendant, le pompier américain se repose et répond avec un peu d'agacement aux touristes qui lui demandent combien mesure sa grande échelle. - "Environ 33 mètres, de quoi atteindre le 6 ème étage d'un immeuble en feu"... 6 étages, cela semble peu dans ce monde gargantuesque et la vague impression d'être rassuré s'estompe alors. Les pompiers seraient donc incapables de faire face à des menaces d'envergure magistrale ?

Où sont les vrais pompiers du monde, ceux qui nous sauvent des catastrophes exceptionnelles ? Et si l'on change radicalement d'échelle, quel pompier veille à nous tendre la main en cas d'accidents infimes ou intimes comme le chomage, la maladie, le désamour, la ruine ou la mort ? Où sont ces pompiers de l'extrême qui semblent aujourd'hui faire défaut ?... Les sauveurs de l'infiniment grand et ceux de l'infiniment petit ont-ils jamais existé ?

26 oct. 2008

Sans Mickaël



Moins de 24 heures après l'atterrissage sur sol américain, je croise le frère de Mickaël Moore. Roy ne se préoccupe guère du bacon canadien et encore moins de l'avenir du cinéma documentaire, puisqu'il entretient une Lobster Company... Autrement dit, la compagnie du Homard... Cela pourrait faire un bon titre de film... "La compagnie du homard" car selon moi avec un homard, on est toujours en bonne compagnie...  et de toute évidence, je ne suis pas le seul à le penser... 

21 oct. 2008

La soupe au chou

 

Les costumières de la ville de Paris ont certainement abusé de films de sciences fictions pour affubler de telles tenues les représentants de la voirie... A croire qu'un extra terrestre s'est posé sur un banc... A moins que cet homme ne soit le sosie de Schreck... une sorte de représentation inattendue de l'ogre dans la cité... 

Sans parler de l'étrange mafieux en costume basket juste à côté de l'ogre qui sans le savoir s'est assis juste sous un aspirateur à particule... 

enfin moi ce que j'en dis... 

18 oct. 2008

Pastel


Il traverse le marché aux puces, croit reconnaître Catherine Deneuve dans ce portrait au pastel qui n'a pas reçu suffisamment de fixateur et d'attention pour éviter les outrages du temps.

Il se souvient alors de sa boite de pastels, de l'odeur du fixateur, du soin qu'il avait mis à préparer une série de grands dessins pour se présenter au doyen de l'école des beaux arts de Lausanne. Il fallait pour pouvoir passer le concours avoir un certain nombre de trucs à présenter. Il avait quitté Nantes avec son grand carton à dessin. Il avait montré son travail à cet homme seul dans son bureau. Quelques temps plus tard, il avait eu le droit de se présenter au concours. Il avait été reçu. Il ne s'était pourtant pas présenté le jour de la rentrée. Il avait trouvé une autre école.

Le vieux carton à dessin doit prendre la poussière quelque part. Avait-il mis assez de fixateur ou les portraits réalisés alors sont-ils eux aussi en train de s'effacer ? Il ne sait pas ce qui lui donne parfois envie de remuer la poussière. Il essaye juste de faire que ces élans nostalgiques ne durent pas trop longtemps.

17 oct. 2008

une table à fleurs


Dans une cour de Paris, pavée et douce, quelqu'un a posé la table fleurie qui bientôt portera de très beaux fruits :-)...
Enfin, espérons !

15 oct. 2008

Matador


Dans la ville lumière, le reflet des amitiés se cache parfois derrière un habit de lumière.

12 oct. 2008

La bourse


Vu que j'étais dans le quartier et que je passais droit à côté de la bête, j'ai exigé de faire le tour pour voir la façade... Mais bon, une fois qu'on la regarde dans les yeux, la bête n'inspire pas grand chose... C'est dur de la photographier, elle ne ressemble à rien... Voilà donc une photo qui ne raconte rien, sans intérêt alors que toutes les chaînes racontent les évolutions des cotations et glosent sur les réactions pro actives de nos gouvernements capitalistes libéraux qui n'en ratent pas une quand il s'agit de faire de la politique émotionnelle.

Mais qui évoque d'autres aspects de la crise actuelle ? Comme ce petit côté Blanche-Neige, métaphore convenue de l'infanticide. Les banques à trop jouer avec l'économie, leur plus bel enfant, ont fini par la tuer en rêvant qu'elle serait toujours plus grande, toujours plus belle. Face au cadavre de Blanche-Neige, nos chefs d'états, tels les sept nains, ont construit un cercueil de verre cher et délicat pour pouvoir préserver une image sans tâche du bonheur passé. Ils pleurent à son chevet en attendant un hypothétique prince charmant. Ils injectent de sérum bizarre ce corps putride, dans l'espoir de ressusciter la belle.

Comme tous les contes, celui-ci nous endort surtout que le prince charmant se fait attendre... Dans ce conte, Blanche Neige ne dit bien sûr plus "Miroir mon beau miroir, dis moi que je suis la plus belle", mais "Miroir, mon beau miroir, dis moi que je suis la plus prospère..." Manque de bol, voilà la récession.

Les sept nains qui étaient jusqu'ici des rats, trouvent soudain les moyens de claquer un pognon dingue pour faire comme si Blanche Neige vivait toujours... Quand on parle de radinerie des sept nains, c'était même jusqu'il y a peu du catastrophisme... Les caisses sont vides, le trou de la sécu, les retraites non payées, le système non vertueux, bref... Depuis que le trou de la Sécu fait 7 à 11 milliards d'Euro, c'est la catastrophe, mais quand Blanche Neige meure, on trouve bien plus de milliards à lâcher sur le terrain...

Y'a toujours une morale dans un conte... En faisant bailler le trou de la sécu, les sept nains ont encouragé les citoyens à épargner pour combler la faillite du système des retraites. Fortes de cet épargne, les banques ont joué de plus en plus et sans y penser... Tandis que les citoyens ne consommaient plus pour épargner, les banques brûlaient cet épargne en spéculant plus que de raison... résultat les 7 nains que les citoyens soutiennent de leur vote et de leur épargne, n'ont jamais bouché le trou de la sécu, par contre ils viennent sans sourciller au chevet des banques... Espérons qu'ils vivront très heureux et auront beaucoup d'enfants, mais gageons que le trou de la sécu se creusera un peu plus... histoire de ne pas nous laisser trop confiant... histoire de nous pousser à épargner un peu plus...

Ceci n'est ni de l'économie, ni un conte, juste une impression bizarre qu'il faut avoir confiance, vu qu'en fait ce n'est pas d'aujourd'hui que nous avons un doigt dans le cul.

5 oct. 2008

Cavalcade


Il cavale dans l'escalier dès le matin. Il dort comme une enclume. Il mange des corn flakes. Il veut encore faire une partie de jeu vidéo. Il aime la glace au smarties. Il aime les parties de freesbie. Il aime le petit chaperon rouge bizarre. Il essaye de faire du chantage pour voir si on craque. Il aime monter sur le porte bagage du vélo déglingué. Il préfère les porche, mais trouve cette Renault Modus très confortable. Il va bien. Il essaye d'entourlouper son monde si l'occasion se présente. Il tient le stylo trop près de la plume et finit par avoir les mains noires. Il dit "quoi on est en France?" et ouvre des yeux tout étonnés. Il finit tout sauf la salade parce que la sauce pique un peu. Il boude si l'occasion se présente, généralement après avoir raté la partie de chantage. Il dit "ça sert à quoi ça ?" et il faut lui expliquer vite et bien. Il ne veut pas jouer de piano s'il n'a pas la feuille avec lui. Il prétend avoir fini un puzzle de 1'115 pièces. Il a vraiment la pêche. Et c'est très bien ainsi.

3 oct. 2008

Flash Back


A l'origine, ce blog était un blog d'images, histoire de donner du corps à des absences répétées. Ainsi de loin en loin, il était possible de suivre, sans que les détails soient donnés, la routine d'un travail. C'était un journal de ce qu'il est si difficile de partager une fois qu'un tournage est terminé.

De fil en aiguille, l'univers des tournages n'était plus celui qu'il fallait documenter, car la roue tourne. L'absence d'absence a amené une nouvelle géographie de la vie et les mots sont devenus plus importants que les images. Le quotidien n'offre pas toujours la même intensité, et demande d'avantage d'explications, pour que l'anodin se révèle peut être aussi intéressant que l'exceptionnel.

Pour la première fois depuis deux ans, retrouver un tournage et en apprécier le rythme car tout à coup c'est un espace de jeu désinvesti des angoisses passées.