17 févr. 2013
Et la Nuit, et la Neige
La neige avec raffinement transforme les objets complexes en volumes simples et élégants. Souscrire à ce constat et désirer que sous une épaisse couche d'absolu, nos inconstances soient enfin réduites à leur évidente beauté. Ne pas oublier que le temps a raison des plus froides couches de neige et qu'après l'harmonie revient le chaos.
27 janv. 2013
Le Bleu de Delft
Dans la campagne française, la perspective se fait atmosphérique et la neige donne au plus commun de paysages, des éclats de porcelaine.
29 déc. 2012
Les Résolutions
Rares sont les mots de la langue française dont les synonymes peuvent être aussi antagonistes. Résolution signifie à la fois fermeté et relâchement, certes les contextes sont différents, mais à la veille de prendre de nouvelles résolutions, il s'agit de ne pas se tromper sur le sens des choix que nous allons commettre. Il faut choisir la bonne résolution pour que l'image du lendemain ne soit pas trop pixelisée, que notre capacité à trouver des solutions demeure. Bref, il faut préserver l'harmonie et ne pas chercher à transformer les dissonances sans penser à préparer le retour à la détente. Ce sabir ne doit pourtant pas vous empêcher, résolution revêt sans doute un sens qui vous permettra de vous engager sans souffrir dans un nouveau voyage temporel. Hier mouillés par l'averse, ce matin, pris dans la glace, peut-être faudra-t-il songer à laisser ce cendrier vide en 2013.
27 déc. 2012
Le Container Y
Bientôt l'année sera verrouillée, comme dans un disque dur, les souvenirs ranger, dans un vieux container rouillé.
20 déc. 2012
Le funeste Présage
Quand l'actualité se laisse subjuguer et que chaque média nous inflige la même ritournelle, le trop plein efface judicieusement les réels malaises, douleurs, souffrances. Après demain nous réveillerons nous avec la gueule de bois ? Le sentiment diffus d'avoir été dispersés, anéantis, réduits à l'état d'ectoplasmes...
17 déc. 2012
Juste avant le Grand Paradis
Ils savent bien que s'échouent ici les trains de la vallée. A voir les voies ainsi saisies par la neige, on peut douter que le tortillard local aime à venir s'abîmer sur ce quai de montagne. Alors pour se convaincre qu'ici ce n'est pas l'enfer, il y a un peu plus loin un hameau nommé Grand Paradis, voilà qui donne à cette impasse géographique un goût de fin du monde.
11 déc. 2012
3 déc. 2012
Acclimatation féline
S'il est une psychologie à deux balles qui dit que les animaux singent les traits de caractère de leur maître, celui-là, ou plutôt celle-là, a tout à fait saisi les travers de celui qui l'a adoptée. Dès qu'un tiers se présente, dès que le téléphone sonne, la voilà sauvage, cachée derrière un meuble à cracher et grogner, griffer et ruminer un plan d'attaque pour bouter hors de son territoire l'intrus qui se veut pourtant bienveillant. L'attraper est une idée saugrenue qui sera réalisée après un combat peu glorieux et souvent sanguinolent. Mais une fois l'intrus parti, la bête se fera à nouveau câline, se hissera sur les genoux de son maître qui d'une main assurée l'encouragera dans ses rebellions. Ce partenariat symbiotique, loin d'apaiser leurs mutuelles angoisses, renforce leurs faiblesses, semble-t-il.
20 nov. 2012
Les Préjudices du Progrès
Prenons un citoyen lambda, la quarantaine entamée, dont l'identité semble de longue date avérée. Plongez le dans un milieu administratif récemment converti aux biens faits du tout informatique. Glissez son nom dans le système et voilà que la base officielle centralisée à laquelle se réfère sa charmante et néanmoins tenace interlocutrice déclare que le prénom du dit citoyen n'est tout bonnement pas celui qui figure depuis quatre décennies sur ses papiers d'identité... En l'espace d'une seconde, une vie bascule, le citoyen déstabilisé affirme qu'il ne saurait accepter pareil dénigrement et le voilà contraint de fournir les preuves de son prétendu prénom. Aguerri à ce genre de méandres bureaucratiques, le citoyen promet à qui veut bien l'entendre qu'il sera là demain et à la première heure pour graver dans le marbre ce qui depuis sa naissance constitue sa signature sur cette planète éphémère.
Chose dite, chose faite, le voilà à la première heure au guichet d'une nouvelle employée. Plus coriace que sa collègue, la représentante des autorités compétentes déclare fermement qu'un certificat de naissance délivré par un pays tiers ne saurait l'autoriser à intervenir dans le fichier national. Statu quo et montée d'adrénaline, le citoyen brandit les nombreux passeports troués des trente-quatre dernières années. Tous sont faux. Son permis de conduire est faux. Sa carte d'assurance maladie est fausse. Sa carte d'identité d'un pays tiers est fausse. Il n'est pas celui qu'il pensait être. Craignant l'esclandre, l'employée l'enjoint à retrouver son calme et lui promet soutien pour sortir de ce mauvais pas. Elle débusque un collègue qui va se charger de prendre langue avec la commune d'origine du citoyen afin de vérifier où et quand l'erreur s'est introduite dans le fichier central. Après bien des rebondissements et la fourniture de preuves toutes plus tangibles les unes que les autres, le citoyen reçoit l'autorisation de reconquérir son prénom. Pour la Nation, un homme a changé de prénom en ce 20 novembre 2012, c'est un baptême païen et sans autre rituel que l'ajout d'un trait d'union dans un base de donnée nationale. Sacro Sainte informatique, tu mérites une prière, toi qui mieux que toute autre régit nos existences et conduit nos destins. Chaque travailleur est une fiche de salaire, chaque citoyen est un pourvoyeur d'impôts, grâce à nos offrandes poursuit l'édification de ton église virtuelle qui réduit nos vies à un fichier central. Amen.
Chose dite, chose faite, le voilà à la première heure au guichet d'une nouvelle employée. Plus coriace que sa collègue, la représentante des autorités compétentes déclare fermement qu'un certificat de naissance délivré par un pays tiers ne saurait l'autoriser à intervenir dans le fichier national. Statu quo et montée d'adrénaline, le citoyen brandit les nombreux passeports troués des trente-quatre dernières années. Tous sont faux. Son permis de conduire est faux. Sa carte d'assurance maladie est fausse. Sa carte d'identité d'un pays tiers est fausse. Il n'est pas celui qu'il pensait être. Craignant l'esclandre, l'employée l'enjoint à retrouver son calme et lui promet soutien pour sortir de ce mauvais pas. Elle débusque un collègue qui va se charger de prendre langue avec la commune d'origine du citoyen afin de vérifier où et quand l'erreur s'est introduite dans le fichier central. Après bien des rebondissements et la fourniture de preuves toutes plus tangibles les unes que les autres, le citoyen reçoit l'autorisation de reconquérir son prénom. Pour la Nation, un homme a changé de prénom en ce 20 novembre 2012, c'est un baptême païen et sans autre rituel que l'ajout d'un trait d'union dans un base de donnée nationale. Sacro Sainte informatique, tu mérites une prière, toi qui mieux que toute autre régit nos existences et conduit nos destins. Chaque travailleur est une fiche de salaire, chaque citoyen est un pourvoyeur d'impôts, grâce à nos offrandes poursuit l'édification de ton église virtuelle qui réduit nos vies à un fichier central. Amen.
16 nov. 2012
Inaccessibles Rivages
Il est des terres que l'on ne trouve pas sur les atlas et dont seuls les jours d'automne révèlent les fragiles lignes côtières. Pour accéder à ces rivages, il faut lever les yeux au ciel et se laisser emporter par des vaisseaux imaginaires. Cette baie rouge sang qui semble à l'abri des courants, serait un précieux refuge. L'air doit y être doux, les habitants paisibles et qui sait si parfois quelqu'un crie dans les rues de cette prétendue colonie.
S'il existait un tel endroit à l'abri des désordres, des tumultes et des déceptions, l'homme serait parvenu à créer sur cette planète un brin de perfection. Mais en quelques jours, le rythme des saisons se charge de briser ces lignes séduisantes. Les feuilles au sol sont les ruines poignantes d'un éphémère havre de beauté. Leur présence, sur le trottoir, avec leur lustre perdu, nous invite à ne pas lever la tête vers ce qui demeurera jusqu'au printemps le champ de ruine de nos périlleuses illusions.
S'il existait un tel endroit à l'abri des désordres, des tumultes et des déceptions, l'homme serait parvenu à créer sur cette planète un brin de perfection. Mais en quelques jours, le rythme des saisons se charge de briser ces lignes séduisantes. Les feuilles au sol sont les ruines poignantes d'un éphémère havre de beauté. Leur présence, sur le trottoir, avec leur lustre perdu, nous invite à ne pas lever la tête vers ce qui demeurera jusqu'au printemps le champ de ruine de nos périlleuses illusions.
4 nov. 2012
Les pires Cauchemars
Les pires cauchemars ne sont pas ceux où s'invitent des corps sanguinolents et des monstres improbables chargés de vous anéantir, les pires cauchemars vous plongent dans la réalité de votre vie. Tout à coup, le cerveau facétieux fait la netteté sur votre présence au monde. D'ordinaire, vous êtes une silhouette en mouvement dans l'espace et dans le temps. Ces deux paramètres suffisent à créer l'illusion que le monde est solide et à vous faire oublier les contours exacts de votre existence. Et quand le quotidien prodigue ainsi la sécurité d'un environnement somme toute cohérent, il est plus facile de ne pas se voir, de ne pas se regarder, s'écouter. Surviennent alors à l'improviste les pires cauchemars qui vous montrent ce qui est là, placent dans votre bouche les mots que vous ne dites pas, clarifient les angoisses jusqu'à vous conduire au point du réveil, le corps en sueur, la peau parcourue de frissons anxiogènes. Que faire de cette énonciation brutale, de ces révélations intimes dictées par une machine intérieure opportuniste ? Pourquoi ici et maintenant ?
29 oct. 2012
Les Naufragés
Une nuit de grand vent a jeté sur le bitume les parures mordorées des arbres du quartier. En amas de mille ou alors isolée, les naufragées s'abîment. Elles dessinent sur le sol de nouveaux continents et quelques éphémères atolls. Un courant d'air glacé anime ce désordre qu'une balayeuse motorisée viendra effacer dans un vacarme assourdissant le lendemain à l'aube. La ville ne s'aiment pas ainsi envahie. Elle se veut propre, noire, sécurisante. Elle se préfère nue, affichant plus volontiers les rides de son asphalte craquelé que cet habit de saison.
23 oct. 2012
Coulez dans le Béton
Certains s'accrochent une pierre au cou avant de sauter dans les eaux troubles de leur conscience malheureuse, d'autres imaginent qu'un train saura mieux anéantir leur souffrance perpétuelle. Mais que penser de l'agonie de ce nain de jardin, conçu par Plonk et Replonk ?
16 oct. 2012
La Planche du Salut
29 sept. 2012
Aux Compagnons de doute
Ils se caressent dans le sens du poil et ça ne finit jamais bien. De leurs identités fatales, au quotidien ils font festin. Qu'ils prétendent traverser le vide ou bien remplir quelques trop plein, c'est la même énergie livide qui les laisse sur le chemin. Leurs corps lâchés sans crinoline seront léchés ou bien mordus. La candeur qu'ils voudraient câline est un secret vite corrompu. Après les cris et les abîmes, un vaste jeu de dupe en somme, ils constatent qu'ils sont les intimes de la plus grand détresse des hommes. Alors pour oublier ce vide qui désagrège leur vertu, sans vergogne ils se précipitent dans l'arène qui chaque jour les tue. Ils liquéfient ainsi leur chair qui devient putride quelque fois. Ils n'ont rien compris à la guerre dont ils sont les pauvres soldats. Ces batailles de solitude qu'ils engagent sans autre projet que d'acquérir la certitude qu'un amour veule peut être vrai, qu'il les transforma un jour, qu'ils auront la force d'y croire, qu'ils ne seront pas de vrais vautours mais les victimes de l'espoir.
28 sept. 2012
Nos Dévotions
Petite mère, bonne mère, parfois tu es là, statue et adulée. Des cierges posés avec dévotion à coup de deux euros dans un tronc qui en a vu d'autres. Des flammes, des prières, des femmes, le visage tourné vers leur coeur, te récitent le chapelet de leurs doléances. Mais parfois tu es ici, dans l'appartement de l'autre coté de la rue. Mon dieu, que tu es vieille. Tu brosses tes cheveux, méticuleusement. Petite mère, bonne mère, statue ou illusion, tu accapares les esprits. Mais si les statues évitent le regard des fidèles, toi, de l'autre côté de la rue, tu me fixes parfois.
24 sept. 2012
A la Faveur de l'Automne
Parapluie à pois blancs sur sandales d'été, jambes nues laissant admirer un bronzage encore intact, chantier en cours sur fond de passerelle Rolex... L'automne prend sa vitesse de croisière.
11 sept. 2012
Ah, la Rosée
Le citadin oublie l'existence de la rosée. Jamais, il ne se roulera dans une pelouse gorgée d'eau, jamais il ne ressentira cette fraîcheur naturelle sous ses pieds nus. Pour lui, tout est aride et poussiéreux. Tout est pavé, béton, asphalte. Il perd par là même de poétiques croyances : Se rouler dans la rosée le matin du solstice d'été garantit une année sans maladie de peau et marcher pied nu dans la rosée donne de la gaité et de l'entrain pour toute la journée, des sorcières de pacotilles prétendent même que se frotter le visage avec la rosée de mai permet de lutter contre les tâches de rousseur.
Mais rassurez-vous amis citadins, on s'emploie à vous rendre l'accès à cette précieuse rosée. Pour cela, des chercheurs tentent de la mettre en bouteille. Avec une production estimée de 0,7 litre par mètre carré et par nuit, l'affaire semble rentable. Vous pourrez ainsi la boire ou renouer avec les croyances ancestrales d'une toilette qui rend la peau plus belle. Par contre pas de nouvelle concernant l'accès facilité à l'eau de jouvence.
Mais rassurez-vous amis citadins, on s'emploie à vous rendre l'accès à cette précieuse rosée. Pour cela, des chercheurs tentent de la mettre en bouteille. Avec une production estimée de 0,7 litre par mètre carré et par nuit, l'affaire semble rentable. Vous pourrez ainsi la boire ou renouer avec les croyances ancestrales d'une toilette qui rend la peau plus belle. Par contre pas de nouvelle concernant l'accès facilité à l'eau de jouvence.
7 sept. 2012
Le Fonds de Commerce
Parfois, le succès d'un commerce n'est pas au fond de la boutique, mais juste là sur le trottoir à prendre le temps de feuilleter une brochure avec une cliente fidèle. Le boucher verra encore défiler un grand nombre de clients avant de baisser le rideau de fer de sa devanture, vers huit heures du soir. Il n'utilise aucun subterfuge tape à l'oeil, il communique mieux que toute publicité et surtout que les armadas d'employés qui rangent des produits dans les rayons de nos supermarchés. Très bobo, cette nostalgie des rapports humains, trop ?
5 sept. 2012
Un Signe de plus
Chaque société produit des signes dont il est parfois difficile de comprendre la portée. Ici, il ne s'agit a priori pas d'un danger, juste une information, le bleu n'est pas, pour nous, couleur d'alerte. Ce garage, ou plutôt cet atelier à la devanture fermée, recèle pourtant une particularité suffisamment singulière pour qu'elle fut ainsi signalée. Mais le sens réel nous échappera toujours. Il faudrait revenir et questionner le propriétaire, mais les touristes ne perdent pas de temps en pareilles fadaises.
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