29 déc. 2012

Les Résolutions

Rares sont les mots de la langue française dont les synonymes peuvent être aussi antagonistes. Résolution signifie à la fois fermeté et relâchement, certes les contextes sont différents, mais à la veille de prendre de nouvelles résolutions, il s'agit de ne pas se tromper sur le sens des choix que nous allons commettre. Il faut choisir la bonne résolution pour que l'image du lendemain ne soit pas trop pixelisée, que notre capacité à trouver des solutions demeure. Bref, il faut préserver l'harmonie et ne pas chercher à transformer les dissonances sans penser à préparer le retour à la détente. Ce sabir ne doit pourtant pas vous empêcher, résolution revêt sans doute un sens qui vous permettra de vous engager sans souffrir dans un nouveau voyage temporel. Hier mouillés par l'averse, ce matin, pris dans la glace, peut-être faudra-t-il songer à laisser ce cendrier vide en 2013.

27 déc. 2012

Le Container Y

Bientôt l'année sera verrouillée, comme dans un disque dur, les souvenirs ranger, dans un vieux container rouillé.

20 déc. 2012

Le funeste Présage

Quand l'actualité se laisse subjuguer et que chaque média nous inflige la même ritournelle, le trop plein efface judicieusement les réels malaises, douleurs, souffrances. Après demain nous réveillerons nous avec la gueule de bois ? Le sentiment diffus d'avoir été dispersés, anéantis, réduits à l'état d'ectoplasmes...

17 déc. 2012

Juste avant le Grand Paradis

Ils savent bien que s'échouent ici les trains de la vallée. A voir les voies ainsi saisies par la neige, on peut douter que le tortillard local aime à venir s'abîmer sur ce quai de montagne. Alors pour se convaincre qu'ici ce n'est pas l'enfer, il y a un peu plus loin un hameau nommé Grand Paradis, voilà qui donne à cette impasse géographique un goût de fin du monde.

11 déc. 2012

Les Roses gelées de Satigny

Sur une façade du village, un rosier grimpant. Ses plus beaux atours surpris par le froid.

3 déc. 2012

Acclimatation féline

S'il est une psychologie à deux balles qui dit que les animaux singent les traits de caractère de leur maître, celui-là, ou plutôt celle-là, a tout à fait saisi les travers de celui qui l'a adoptée. Dès qu'un tiers se présente, dès que le téléphone sonne, la voilà sauvage, cachée derrière un meuble à cracher et grogner, griffer et ruminer un plan d'attaque pour bouter hors de son territoire l'intrus qui se veut pourtant bienveillant. L'attraper est une idée saugrenue qui sera réalisée après un combat peu glorieux et souvent sanguinolent. Mais une fois l'intrus parti, la bête se fera à nouveau câline, se hissera sur les genoux de son maître qui d'une main assurée l'encouragera dans ses rebellions. Ce partenariat symbiotique, loin d'apaiser leurs mutuelles angoisses, renforce leurs faiblesses, semble-t-il.

20 nov. 2012

Les Préjudices du Progrès

Prenons un citoyen lambda, la quarantaine entamée, dont l'identité semble de longue date avérée. Plongez le dans un milieu administratif récemment converti aux biens faits du tout informatique. Glissez son nom dans le système et voilà que la base officielle centralisée à laquelle se réfère sa charmante et néanmoins tenace interlocutrice déclare que le prénom du dit citoyen n'est tout bonnement pas celui qui figure depuis quatre décennies sur ses papiers d'identité... En l'espace d'une seconde, une vie bascule, le citoyen déstabilisé affirme qu'il ne saurait accepter pareil dénigrement et le voilà contraint de fournir les preuves de son prétendu prénom. Aguerri à ce genre de méandres bureaucratiques, le citoyen promet à qui veut bien l'entendre qu'il sera là demain et à la première heure pour graver dans le marbre ce qui depuis sa naissance constitue sa signature sur cette planète éphémère.
Chose dite, chose faite, le voilà à la première heure au guichet d'une nouvelle employée. Plus coriace que sa collègue, la représentante des autorités compétentes déclare fermement qu'un certificat de naissance délivré par un pays tiers ne saurait l'autoriser à intervenir dans le fichier national. Statu quo et montée d'adrénaline, le citoyen brandit les nombreux passeports troués des trente-quatre dernières années. Tous sont faux. Son permis de conduire est faux. Sa carte d'assurance maladie est fausse. Sa carte d'identité d'un pays tiers est fausse. Il n'est pas celui qu'il pensait être. Craignant l'esclandre, l'employée l'enjoint à retrouver son calme et lui promet soutien pour sortir de ce mauvais pas. Elle débusque un collègue qui va se charger de prendre langue avec la commune d'origine du citoyen afin de vérifier où et quand l'erreur s'est introduite dans le fichier central. Après bien des rebondissements et la fourniture de preuves toutes plus tangibles les unes que les autres, le citoyen reçoit l'autorisation de reconquérir son prénom. Pour la Nation, un homme a changé de prénom en ce 20 novembre 2012, c'est un baptême païen et sans autre rituel que l'ajout d'un trait d'union dans un base de donnée nationale. Sacro Sainte informatique, tu mérites une prière, toi qui mieux que toute autre régit nos existences et conduit nos destins. Chaque travailleur est une fiche de salaire, chaque citoyen est un pourvoyeur d'impôts, grâce à nos offrandes poursuit l'édification de ton église virtuelle qui réduit nos vies à un fichier central. Amen.

16 nov. 2012

Inaccessibles Rivages

Il est des terres que l'on ne trouve pas sur les atlas et dont seuls les jours d'automne révèlent les fragiles lignes côtières. Pour accéder à ces rivages, il faut lever les yeux au ciel et se laisser emporter par des vaisseaux imaginaires. Cette baie rouge sang qui semble à l'abri des courants, serait un précieux refuge. L'air doit y être doux, les habitants paisibles et qui sait si parfois quelqu'un crie dans les rues de cette prétendue colonie.

S'il existait un tel endroit à l'abri des désordres, des tumultes et des déceptions, l'homme serait parvenu à créer sur cette planète un brin de perfection. Mais en quelques jours, le rythme des saisons se charge de briser ces lignes séduisantes. Les feuilles au sol sont les ruines poignantes d'un éphémère havre de beauté. Leur présence, sur le trottoir, avec leur lustre perdu, nous invite à ne pas lever la tête vers ce qui demeurera jusqu'au printemps le champ de ruine de nos périlleuses illusions.

4 nov. 2012

Les pires Cauchemars

Les pires cauchemars ne sont pas ceux où s'invitent des corps sanguinolents et des monstres improbables chargés de vous anéantir, les pires cauchemars vous plongent dans la réalité de votre vie. Tout à coup, le cerveau facétieux fait la netteté sur votre présence au monde. D'ordinaire, vous êtes une silhouette en mouvement dans l'espace et dans le temps. Ces deux paramètres suffisent à créer l'illusion que le monde est solide et à vous faire oublier les contours exacts de votre existence. Et quand le quotidien prodigue ainsi la sécurité d'un environnement somme toute cohérent, il est plus facile de ne pas se voir, de ne pas se regarder, s'écouter. Surviennent alors à l'improviste les pires cauchemars qui vous  montrent ce qui est là, placent dans votre bouche les mots que vous ne dites pas, clarifient les angoisses jusqu'à vous conduire au point du réveil, le corps en sueur, la peau parcourue de frissons anxiogènes. Que faire de cette énonciation brutale, de ces révélations intimes dictées par une machine intérieure opportuniste ? Pourquoi ici et maintenant ?

29 oct. 2012

Les Naufragés

Une nuit de grand vent a jeté sur le bitume les parures mordorées des arbres du quartier. En amas de mille ou alors isolée, les naufragées s'abîment. Elles dessinent sur le sol de nouveaux continents et quelques éphémères atolls. Un courant d'air glacé anime ce désordre qu'une balayeuse motorisée viendra effacer dans un vacarme assourdissant le lendemain à l'aube. La ville ne s'aiment pas ainsi envahie. Elle se veut propre, noire, sécurisante. Elle se préfère nue, affichant plus volontiers les rides de son asphalte craquelé que cet habit de saison.

23 oct. 2012

Coulez dans le Béton

Certains s'accrochent une pierre au cou avant de sauter dans les eaux troubles de leur conscience malheureuse, d'autres imaginent qu'un train saura mieux anéantir leur souffrance perpétuelle. Mais que penser de l'agonie de ce nain de jardin, conçu par Plonk et Replonk ?

16 oct. 2012

La Planche du Salut


Etonnant retournement de situation dans un atelier d'arrière cour au fin fond du Jura. Un arbre pugnace a trouvé les failles de chaque planche pour s'élancer vers la lumière. A certains endroits la façade s'est écartée pour laisser passer l'intrus, mais à d'autres, ce sont des noeuds du bois qui ont sauté pour que les branches puissent s'y glisser. Férocité de la vie.

29 sept. 2012

Aux Compagnons de doute

Ils se caressent dans le sens du poil et ça ne finit jamais bien. De leurs identités fatales, au quotidien ils font festin. Qu'ils prétendent traverser le vide ou bien remplir quelques trop plein, c'est la même énergie livide qui les laisse sur le chemin. Leurs corps lâchés sans crinoline seront léchés ou bien mordus. La candeur qu'ils voudraient câline est un secret vite corrompu. Après les cris et les abîmes, un vaste jeu de dupe en somme, ils constatent qu'ils sont les intimes de la plus grand détresse des hommes. Alors pour oublier ce vide qui désagrège leur vertu, sans vergogne ils se précipitent dans l'arène qui chaque jour les tue. Ils liquéfient ainsi leur chair qui devient putride quelque fois. Ils n'ont rien compris à la guerre dont ils sont les pauvres soldats. Ces batailles de solitude qu'ils engagent sans autre projet que d'acquérir la certitude qu'un amour veule peut être vrai, qu'il les transforma un jour, qu'ils auront la force d'y croire, qu'ils ne seront pas de vrais vautours mais les victimes de l'espoir.

28 sept. 2012

Nos Dévotions

Petite mère, bonne mère, parfois tu es là, statue et adulée. Des cierges posés avec dévotion à coup de deux euros dans un tronc qui en a vu d'autres. Des flammes, des prières, des femmes, le visage tourné vers leur coeur, te récitent le chapelet de leurs doléances. Mais parfois tu es ici, dans l'appartement de l'autre coté de la rue. Mon dieu, que tu es vieille. Tu brosses tes cheveux, méticuleusement. Petite mère, bonne mère, statue ou illusion, tu accapares les esprits. Mais si les statues évitent le regard des fidèles, toi, de l'autre côté de la rue, tu me fixes parfois.

24 sept. 2012

A la Faveur de l'Automne

Parapluie à pois blancs sur sandales d'été, jambes nues laissant admirer un bronzage encore intact, chantier en cours sur fond de passerelle Rolex... L'automne prend sa vitesse de croisière.

11 sept. 2012

Ah, la Rosée

Le citadin oublie l'existence de la rosée. Jamais, il ne se roulera dans une pelouse gorgée d'eau, jamais il ne ressentira cette fraîcheur naturelle sous ses pieds nus. Pour lui, tout est aride et poussiéreux. Tout est pavé, béton, asphalte. Il perd par là même de poétiques croyances : Se rouler dans la rosée le matin du solstice d'été garantit une année sans maladie de peau et marcher pied nu dans la rosée donne de la gaité et de l'entrain pour toute la journée, des sorcières de pacotilles prétendent même que se frotter le visage avec la rosée de mai permet de lutter contre les tâches de rousseur.
Mais rassurez-vous amis citadins, on s'emploie à vous rendre l'accès à cette précieuse rosée. Pour cela, des chercheurs tentent de la mettre en bouteille. Avec une production estimée de 0,7 litre par mètre carré et par nuit, l'affaire semble rentable. Vous pourrez ainsi la boire ou renouer avec les croyances ancestrales d'une toilette qui rend la peau plus belle. Par contre pas de nouvelle concernant l'accès facilité à l'eau de jouvence.

7 sept. 2012

Le Fonds de Commerce

Parfois, le succès d'un commerce n'est pas au fond de la boutique, mais juste là sur le trottoir à prendre le temps de feuilleter une brochure avec une cliente fidèle. Le boucher verra encore défiler un grand nombre de clients avant de baisser le rideau de fer de sa devanture, vers huit heures du soir. Il n'utilise aucun subterfuge tape à l'oeil,  il communique mieux que toute publicité et surtout que les armadas d'employés qui rangent des produits dans les rayons de nos supermarchés. Très bobo, cette nostalgie des rapports humains, trop ?

5 sept. 2012

Un Signe de plus

Chaque société produit des signes dont il est parfois difficile de comprendre la portée. Ici, il ne s'agit a priori pas d'un danger, juste une information, le bleu n'est pas, pour nous, couleur d'alerte. Ce garage, ou plutôt cet atelier à la devanture fermée, recèle pourtant une particularité suffisamment singulière pour qu'elle fut ainsi signalée. Mais le sens réel nous échappera toujours. Il faudrait revenir et questionner le propriétaire, mais les touristes ne perdent pas de temps en pareilles fadaises.

30 août 2012

La Grande Bleue

Il y a des courants qui vous empoignent et vous éloignent de la terre. Il y a des créatures marines qui se frottent à vous et répandent leur venin. Il y a des femmes qui ne cachent pas les cicatrices de leurs implants mammaires sous des maillots de bain. Il y a des tatouages sur toutes les peaux. Il y a le sable brûlant. Il y a d'ailleurs de la chaleur dans chaque molécule d'air. Il y a le vent qui soulève le sable. Il y a la ville tout à côté.  Il y a l'été. Tout cela sous le regard du surveillant de plage sur son arbre perché.

21 août 2012

Les Nains de Jardin ne voyagent pas

Comme le précise wikipedia, jamais avare de savoir, "le vol de nain de jardin est une activité illégale. La victime peut porter plainte contre le ravisseur et celui-ci peut être condamné pour vol et harcèlement." Contrairement à une croyance dont Jean-Pierre Jeunet se fit le colporteur, les nains de jardin ne font pas le tour du monde. Bien au contraire, ils préfèrent à cela témoigner au quotidien des aventures de leur environnement proche. Canicule ou fortes gelées, le nain est la mémoire du potager. Il compte les gouttes de rosée, évalue les récoltes, recense les populations d'insectes, enregistre les naissances, les décès de ce microcosme jardinier. Les nains de jardin ne voyagent pas, car contrairement à nous, ils savent que le grand tout se déroule à tout instant, en tout lieu. Il leur est inutile pour comprendre le monde d'en explorer sa diversité. Mais si d'aventure vous voyagez, pensez à partager vos impressions avec votre nain, car sédentaire il est, mais vos récits le font rêver.

15 août 2012

Mourir en été

Mourir en été, voilà une bien étrange idée. Dans un cimetière surchauffé,  une famille endeuillée avance en procession. En rangs serrés, une armée d'arrosoirs jaunes entourent leur tristesse. Alentours, les stèles bien scellées réfléchissent la lumière, insoutenable. La sueur perle aux fronts des agents des pompes funèbres qui enfilent, dans la terre sèche et craquelée, le cercueil. Mourir en été, c'est désarçonner ses proches. Tout à coup, l'absence, la disparition, n'ont pas seulement le goût des larmes. Il y a cette lumière qui vous écrase, la vie qui foisonne et des oiseaux bavards. Un lézard surgit. La mort c'est glacial, sauf en été.

13 août 2012

Madame reçoit

"Madame reçoit" tel est le titre de cette toile, d'un certain Remy Cogghe. Mais qui reçoit-elle ou que reçoit-elle pour attiser ainsi la curiosité des domestiques ? L'histoire ne le dit pas.

8 août 2012

Sous la Basilique

Ils se retrouvent un jour d'été sous la basilique, torses nus, entre amis, avec quelques bières. Viennent ceux qui n'ont pas oublié, ceux qui ont trop chaud dans leur appartement, ceux qui ne supportent plus que leur mère les envoie chercher du travail. Viennent ceux qui ont vingt ans, vingt-cinq ans tout au plus. Après il doit se passer quelque chose et on ne passe plus l'été ainsi. Viennent ceux qui se fichent de Dieu et de l'économie du monde. Viennent ceux qui marchent les pieds nus et qui traversent doucement les étendues de pelouse brûlée pour approcher ceux qui vont, pressés, sur les allées goudronnées. Ils leur demandent une cigarette. Mais ils ne mendient pas. Ils possèdent ce qu'ils possèdent, pas grand chose, mais ils n'ont pas faim. Ils ont un toit, ils ont une mère qui quoiqu'ils fassent de leurs après midi, prépare un repas dans l'appartement étouffant de chaleur. Ils ont un lit où s'effondre la nuit, la vie qu'ils peinent tant à s'imaginer.  Alors sous la basilique, ils reprennent chaque jour l'impossible débat. Les autres sont venus aussi, ceux qui n'ont pas oublié, ceux qui ont trop chaud dans leur appartement, ceux qui ne supportent plus que leur mère les envoie chercher du travail, ceux qui ont vingt ans, vingt-cinq ans tout plus. Après, il doit se passer quelque chose, mais ils ne savent pas quoi, ni comment cela se produit. Alors en d'intarissables échanges, ils refont chaque jour, le roman du présent et d'un avenir dont ils ne savent rien. Et si tout à coup, l'angoisse les envahit et que le silence se fait, un autre finit par arriver et relance la roue des possibles lendemains. Sous la Basilique San Lorenzo, à Milan, un après midi poisseux du mois d'août 2012.

30 juil. 2012

Le Profil du Batracien

Illusoirement conditionnés par les contes de fées, nous voilà tentés de saisir ce crapaud qui surgit au milieu du salon pour lui coller la bise qui le transformera en beau prince riche et séduisant. Dans la réalité, l'idée saugrenue d'embrasser pareil animal fait froid dans le dos. Notons que ce hiatus entre l'écrit et la réalité nous éclaire sur la fragilité psychologique des héroïnes de conte de fée. Cependant, si l'on se réfère aux frères Grimm, il n'est pas question ici d'un baiser. Dans "le prince grenouille", ou "le prince crapaud", selon la cruauté des traducteurs, la Princesse, contrainte à vivre avec l'animal, ne l'embrasse pas. Alors qu'elle doit partager son lit avec l'infâme batracien, la jeune fille jette l'animal contre le mur de toutes ses forces et c'est lorsqu'il tombe à terre que l'amphibien se transforme en prince.  Bien que cette version soit nettement moins dégoutante, nous nous abstiendrons de tout excès de violence, et c'est  avec délicatesse que nous accompagnerons l'intrus maladroit hors de la maison, ratant par là même, l'occasion de rencontrer le conjoint idéal.

28 juil. 2012

Les Jeux de Domination

Il n'y a guère que sur les tasses à café achetées chez carrefour pour trois euros dix que les chats minaudent. Dans la vraie vie, les chats mènent sans répit une guerre de territoire. Et nous voilà contraints d'enfiler le casque bleu de la force d'interposition. Certes, il manque ici la violence des assauts et les cris déchirants qui soudain vous réveillent au milieu de la nuit, quand surgissent dans la chambre les belligérants aux griffes acérées. Comme un soldat traumatisé par l'assaut nocturne de l'ennemi, nous voilà pris dans un sommeil inquiet, sursautant aux moindre signes de présence inhabituelle. Et puisque qu'aucun forum d'entraide n'existe à ce propos, il est temps de briser le tabou et d'aider ceux qui vivent les mêmes frayeurs sous la coupe du syndrome de Mistigri.

23 juil. 2012

Les Compromis félins

Quand il s'agit de voir sa gamelle remplie, le greffier est prêt aux plus vils stratagèmes. Lui, d'habitude si farouche, se fait le plus câlins des félins. Ronronnant à tire larigot, il se frotte, se love, et perd toute dignité. Pour quelques grammes de viandes, le chat renonce à l'indépendance qu'il revendique pourtant à longueur de journée. Croit-il duper celui qui le cajole ou sommes nous tous les deux conscients de la supercherie ? Qu'importe, l'un comme l'autre semblons savourer cet instant rare d'amour presque gratuit.

19 juil. 2012

Dominique A

Rituel rendez-vous avec la foule de Paléo. Dominique A esquisse avec soin son dernier album, entouré de dix musiciens. La précision des arrangements est d'une rare délicatesse. La façon dont le bassiste ondule derrière l'artiste au premier plan crée le contrepoint parfait à sa présence solide.

18 juil. 2012

Les fausses Plages

"Il n'y a plus de saison ma brave dame." Pourtant les cités continuent à s'inventer de fausses plages pour donner aux citoyens qui n'ont pas le loisir de se rendre en croisière ou sur les bords de mer, l'illusion d'être ailleurs. Les Paris plage, Lille plage, dieu sait où plage... sont à l'été ce que les illuminations et les boules sont à Noël. Le transat devient la synecdoque inconsciente d'un été savouré, farniente, bel été en somme. Mais parfois le symbole ne peut lutter avec la sensation réelle, pluie, nuages et courants d'air glacés découragent les passants et rappellent haut et fort que ces parodies de carton pâte ne remplacent pas la réelle sensation du vent du large sur nos visages tandis que rumine l'océan sur les galets ou sur le sable. Alors, au coeur de la cité, sous nos parapluies, il nous faut rire de ces mises en scènes dérisoires en espérant cependant que s'installe enfin l'anticyclone salvateur qui rendra ces pastiches moins ridicules.

14 juil. 2012

Home sweet Home

Deux mille cinq cents kilomètres plus tard, retour à la case départ. Après cette plongée au coeur des Flandres, la vie, ici, semble  à la fois plus brouillonne mais aussi aseptisée. C'est l'effet boule à neige.

11 juil. 2012

Dans le petit Bain


Les villes de province s'inventent de beaux musées, écrins de qualité pour collections modestes. Ici, une ancienne piscine totalement restructurée tout en préservant l'ancien espace du bassin. L'endroit est magnifique et la curiosité des visiteurs ne peut être que piquée lorsqu'il se trouve au détour d'une salle face au portrait de madame Hanus par Jean-Joseph Weert...

9 juil. 2012

Le Chemin de Halage

Sur les routes de France, l'été est propice aux travaux de réfection des routes. Le voyageur dubitatif se retrouve ainsi mené par le bout du nez par des déviations gargantuesques et il lui faut alors stratagème trouver pour ne pas perdre un temps fou à courir la campagne. Dans ces cas là, se fier à l'instinct et suivre l'autochtone, permet de découvrir une alternative plus rapide et surtout plus champêtre. Ainsi, suivre durant deux kilomètres un chemin de halage le long de la Deule puis bifurquer sur la droite sur un chemin agricole vous mènera à bon port avec une perte de temps minime. 

L'autre atout de cet astucieux détour est de découvrir un coin magique. Arrêter la voiture et prendre le temps de marcher le long du canal. Compter les hérons qui s'agglutinent dans un champs tandis que les péniches s'effacent au loin. Dans un vacarme d'enfer, le train régional traverse le canal sur un pont d'acier. Essayer de photographier tout ceci, et finalement revenir avec un bout de barrière rouillé sur fond d'eau striée par le vent, comme si le détail était plus fidèle que le tout. 

Le Berger d'Epinoy

Dans un champs de soja vert, face à un dérisoire calvaire, une bande de deux mètres de large a été récemment moissonnée. De la route, on peut ainsi accéder à Saint Druon, gaillard du coin, patron des bergers, qui enseigna notamment voilà plus de 900 ans comment se débarrasser des hordes de hannetons qui s'abattaient parfois dans les environs. La terre est lourde de pluie et le ciel chargé de nuages. Derrière la vitre brisée de son modeste calvaire de briques rouges, Druon d'Epinoy lutte contre le reflet du soleil pour poser sur le pèlerin un regard bienveillant. Il n'est guère habitué à recevoir ainsi de la visite. Certes, le lundi de Pentecôte, une procession vient jusqu'à lui et l'honore de prières. La meute bigarrée de pèlerins d'un certain âge, comme se plaît à le souligner l'échotier du coin, lui présente sa dévotion et s'en retourne à travers champs, les pieds crottés. Une fois rentrés chez eux, en nettoyant la boue qui souille leurs escarpins du dimanche, certains doivent maudire ce calvaire des champs. Qu'importe, Druon attendra impassible que viennent à lui l'année suivante de nouveaux adorateurs endimanchés.

7 juil. 2012

L'Eté des Emigrés

L'été les émigrés retournent aux sources, auprès de ceux qui sont restés au pays. Mais tous les émigrés ne viennent pas du sud. L'évocation de vacances au bord de la mer du nord fait toujours tiquer les interlocuteurs, habitués à rêver de Sicile ou d'Andalousie. Mais ici les ciels se colorent comme aucun autre, des dégradés et des formes sans cesse en mouvement. Et si l'on frissonne dans une mer trouble à 15 degrés, il y a quand même des maîtres nageurs comme dans Alerte à Malibu, sauf qu'ils portent en permanence une bonne polaire rouge. Normal, c'est le mois de juillet quand même.

6 juil. 2012

Maurice a la Frite

Au coeur des villages du nord, le matin, les friteries font grise mine. Le soir, elles sont pôle d'attraction. Dès 17 heures, un système lance l'allumage automatique des néons. Ils clignotent gaiement de manière à rappeler aux futurs clients l'aubaine que représente cette baraque de peu, plantée au milieu du village. Dès 19 heures, Maurice, ou un avatar truculent, lève le volet central et les stores latéraux. L'huile chauffe, tandis que s'arrêtent les premières voitures. Les patates jetées dans l'huile crépitent. Maurice se couchera tard, vers minuit trente ou une heure du matin, une fricandelle, un peu plus de ketchup ou alors une sauce cocktail. Quand l'enseigne de la baraque s'éteint, la vie du village se meurt. En apparence.

La Brique rouge

Retour sur la terre des aïeux. La famille Marsy tenait un café de quartier, là, en plein coeur du pays minier. Cent ans plus tard, c'est la zone sinistrée. Le dernier puits de mine a fermé en 1990 après le lent démantèlement de tout ce secteur. Zone sinistrée, voilà sans doute pourquoi les murs de briques rouges ont récemment failli tourner au bleu marine...

1 juil. 2012

La petite Voix intérieure

Le bruissement de notre conscience se fait entendre en permanence comme le ressac d'un océan tourmenté. Il est cependant rare d'en proposer une possible représentation. A la lumière d'un feu interdit sur la prairie, saisir fugitivement la dualité d'un être inconnu.

23 juin 2012

Le Musicien

Une image de rien, extraite d'une image de peu, autrement dit, un recadrage artificiel, histoire d'extraire d'une autre image le détail qui révèle la saveur de l'instant. Sur la photo que vous ne verrez jamais, une petite fille en jupe orange écoute une pianiste et une percussionniste dans un parc, à l'occasion de la fête de la musique. Elle est fascinée. Mais au pied du piano, il y a ce trompettiste au repos. En découvrant la photo en plan large, il semble évident qu'il faut désigner ce qui est passé inaperçu dans l'instant. Au diable les puristes... Le trompettiste ne dort pas. Il savoure simplement l'écoute de ce concert improvisé. Peut être que le moment voulu, il se redressera et participera au boeuf. Mais la fête de la musique est un vagabondage et jamais la petite fille ne verra le gisant saisir son instrument. Plus loin, une fanfare, des amis, la vie a tant de couleurs et les partitions inventent à chaque détour, des horizons aux reliefs si différents.

20 juin 2012

La Petite Vadrouille

A raison de deux chars par wagon, comptez un peu plus de vingt wagons, la cavalerie entame sa traversée de la Suisse à petits pas. Petits pas, car il ne faut pas perturber le trafic. Aussi, quand cela s'avère nécessaire, le convoi s'attarde dans une gare, le temps de laisser passer les intercity prioritaires. S'offre ainsi ainsi aux compatriotes reconnaissants, la chance d'observer un aperçu des atouts de son armée. Selon Wikipedia, la Suisse possédait en 2008, 580 chars de grenadiers M113, mais vieux grigous d'un temps passé, nombre d'entre eux doivent être aujourd'hui démantelés et recyclés, faute d'avoir pu les vendre ici ou là. Ainsi, cette cinquantaine de chars se rend peut être au cimetière. C'est une parade d'armes condamnées. Il existe à Ecublens une usine qui s'occupe de les démonter. Récemment, des voix minoritaires s'élèvaient ici et là pour proposer ces chars à l'opposition Syrienne. L'idée ne séduit guère. Je ne connaissais rien des chars de grenadiers M113, avant de les croiser en gare de Sierre, bien loin de la Syrie, bien loin de la guerre.

10 juin 2012

Le Géant aux Mains pleines

Ni Castor, ni Pollux, mais des jumeaux gémeaux, des gémeaux jumeaux, ils portent en eux les promesses de nouveaux mythes et d'histoires fabuleuses. Moins de 48 heures après leur venue au grand air, ils sont encore bien calmes, leur douce chaleur se transmet au creux des bras. Le géant aux mains pleines s'apaise, désarmé par tant de délicatesse.

6 juin 2012

Les Petits Poissons blancs

Les raies sont jaunes et la baleine bleue... Par souci du respect du droit à l'image, le brushing et l'intégralité du visage vous seront épargnés. Voyant cette dame sortir d'une célèbre banque de la place en refermant son sac à main avec prudence, on peut imaginer des transferts d'argent douteux, aussi douteux que le choix de son carré de soie. C'est dire... Voilà peut être une épouse en mission pour son riche conjoint espagnol, une secrétaire de direction mandatée par un armateur grec, la mine confiante, son devoir accompli, elle s'en va sereine visiter les boutiques du quartier oubliant la crise et son lot de malversations.

27 mai 2012

Un Fracas de Médailles

Les insignes de l'honneur finissent souvent sur les brocantes. Malmenés par un vendeur des puces, les rubans et les médailles s'agglutinent aujourd'hui dans un coin du cadre, enchevêtrement de réussites oubliées.

25 mai 2012

L'Absolu

Je n'ai pas soif d'absolu. La toile de ce jeans est d'une opacité totale. Je ne vois pas plus loin que ce tissu  qui cache une jambe, la mienne sans doute. Qu'importe si d'autres ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Pour ma part, j'ai trouvé un ciel improbable posé sur ma cuisse. Il y a donc des voies lactées manufacturées de lignes de coton bleu. Ainsi, l'infini n'est pas toujours au delà du visible. De toute façon, à notre échelle, l'infini n'existe pas.

 Plaise à qui de droit que vienne une éclaircie.


21 mai 2012

Et l'Univers s'étend

L'un vous dit qu'il veut mourir, l'autre que son amie atteinte d'un cancer de l'oesophage a une haleine de chienne, "ça doit être pourri à l'intérieur" précise-t-elle, le troisième lâche sur l'oreiller des larmes en avouant qu'il se sent seul, malgré lui, malgré vous. Et l'univers s'étend... Mais curieusement, les scientifiques ont découvert que la vitesse d'expansion ne décroit pas, la matière accélère au bout du bout du bout de cette étendue de ciel dont on ne peut imaginer l'immensité. Alors tourner la tête vers un ciel d'étoiles éphémères et immobiles, un ciel sur fond vert, un ciel de pâquerettes, une voie lactée de printemps. Tant pis si l'univers accélère sa course quand il s'éloigne de nous, tant pis si les solitudes sont aussi tenaces. Il y a un ciel de pâquerettes dont les constellations s'inventent au gré des vents. Si c'est le seul émerveillement dont on puisse se saisir un jour comme celui-là... savoir en savourer l'absurde satisfaction.

17 mai 2012

Ne te découvre pas d'un Fil

En mai, fait ce qu'il te plaît, dit le proverbe. Mais les arbres de la rade portent des écharpes bariolées, tricotées sans doute par des grands mères attentionnées, soucieuses de préserver la santé de platanes centenaires.

8 mai 2012

L'Equinoxe du Désordre

Les saisons ont cela de bien qu'elles suivent un rythme immuable, fondé sur des éléments que nous avons peu à peu identifiés. Le savoir compilé de tous les hommes qui ont observés ces phénomènes, de ceux qui les ont décrits, de ceux qui ont cherchés plus loin que les apparences, nous fournit un tableau certes encore imparfait, mais déjà convaincant. Mutatis mutandis. A l'échelle d'une vie, il est difficile de saisir ce qui est immuable, ce qui est imprévu. On s'imagine bien qu'il existe des cycles, les saisons du plaisir et les saisons du repentir, mais bien malin celui qui saura dire quand on franchit vraiment l'équinoxe du désordre. 

5 mai 2012

La Présidentielle

Peut être qu'un regard de face vaut mieux qu'un regard tourné vers l'avenir... Enfin, il semble qu'un visage s'efface. La ride prononcée du sourcil était-elle de trop durant toutes ces années... Je n'ose plus vous regarder en face, mais je vous incite à regarder vers demain, avec la même mine grave que celle que j'affiche, malgré la mer apaisée qui s'étend derrière moi... Et l'autre... il nous regarde, la paupière un peu avachie, la ride photoshopée... C'est ça la présidentielle...

26 avr. 2012

Tu me fais rougir

Il y a là un curieux paradoxe. Un festival, plutôt centré sur le documentaire, s'associe à des saltimbanques pour animer son univers. Tout à coup, s'invite dans le quotidien une once de poésie. Un dérapage incontrôlé ? ou alors la représentation exacte de ce que le bon documentaire devrait nous apporter... Un regard de saltimbanques sur l'histoire, la géographie, la chimie... un regard décalé et assumé. Visions du Réel, certes, mais Visions avant tout. Vive les décalages...

16 avr. 2012

Toi-même

Parce qu'avoir la tête sur les épaules ne garantit pas qu'on ait toujours la tête à ce qu'on est en train de faire. 

13 avr. 2012

L'Art du Camouflage

Pour conjurer le sort qui lui est à coup sûr réservé, le lapin de Pâques en chocolat noir a choisi un prénom à même de dissuader les gourmands. Si le lapin s'appelle Urs, comment s'appelle l'ours ?

31 mars 2012

La Couche de Protection

Chaque surface exposée aux intempéries devra être protégée de manière satisfaisante afin d'éviter l'altération du matériau : une couche de vernis sur le bois, un peu d'antirouille sur la ferraille, et pour votre âme, une crème de jour ne suffira malheureusement pas. Il vous faudra un apprêt d'hypocrisie, une sous couche de philosophie, et un vernis de laisser aller, à moins que vous ne préfériez ne pas vous exposer aux intempéries...